Gabon: les usagers victimes du bras de fer entre magistrats et gouvernement

Au Gabon, les magistrats sont en colère contre leur ministre de tutelle, Francis Nkéa Ndzigue. Le garde des Sceaux est accusé d'ingérence dans les secrets de l'instruction, de menace contre les magistrats. Plus grave, il aurait traité les magistrats gabonais de corrompus. Indignés, les magistrats ont décidé d'entrer en grève jusqu'au départ du ministre. Au premier jour de cette grève, beaucoup de Gabonais ont fait les frais du mouvement.

Aloïse Makaya s'est rendu au tribunal de Libreville tôt ce jeudi matin dans l'espoir que le jugement qu'il attend depuis trois ans soit rendu pour en terminer avec une histoire de licenciement abusif. Malheureusement, son audience a été annulée : « C’est un peu gênant parce que je croyais que cette affaire devait prendre fin avant la fin de l’année 2017 ».

Ils ont été des dizaines de justiciables qui sont rentrés à la maison déçus. Justin Loundou, vice-président du Syndicat national des magistrats gabonais (Synamag) est satisfait du succès du mot d'ordre de grève lancé par le syndicat : « Comme vous le constatez, aujourd’hui, il n’y a plus personne au tribunal. Tous les cabinets d’instruction sont fermés, le parquet est également fermé. Il ne s’agit pas seulement de Libreville. Sur toute l’étendue du territoire, toutes les juridictions sont fermées. La grève est véritablement suivie, je peux vous l’assurer ».

Les magistrats sont fermes. Ils n'arrêteront le mouvement que lorsque le ministre de la Justice quittera ses fonctions. Francis Nkéa Ndzigue est accusé d’« immixtions intempestives dans le pouvoir judiciaire ». La profession lui reproche d’avoir traité les magistrats de corrompus : « La corporation a dit et répété haut et fort qu’il n’était plus question de travailler avec ce ministre ».

Contacté par RFI, le ministre n'a pas souhaité faire de commentaires.

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