5 000 francs CFA le sceau de farine de manioc (7,62 euros) contre 2 000 francs (3,05 euros) autrefois. Sur le marché de Beni, en deux ans, les prix ont plus que doublé.
« Il y a de moins en moins de farine à vendre sur le marché. C'est à cause des tueries qui sévissent ici, explique Kahindo Fahida, vendeuse de farine de manioc. Les gens ont fui leurs champs. Ceux qui continuent à cultiver le font malgré eux et malgré l'insécurité. »
Sac de manioc sur le dos, Djaffét Sekambale rentre chez lui au quartier Butanuka. Pour lui, pas d'autre choix que d'aller au champ pour manger, malgré l'attaque dont il a été victime l'an passé. « L'attaque a eu lieu à Mbelu, raconte-t-il. Ils sont arrivés, ils étaient nombreux. Moi j'ai pu fuir, mais ils ont tué ceux qui sont restés. J'ai perdu mon grand-père ce jour-là au champ. Et depuis, ma vie a changé : je n'étudie plus car c'est lui qui payait ma scolarité. »
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Cultiver la peur au ventre donc, et sans la certitude à la fin de récupérer le fruit de leur travail. Nestor Basianirya préside l'union locale des agriculteurs : « Parfois, au moment de faire la récolte, la situation empire et c'est si dangereux qu'on ne peut pas accéder à nos champs. Alors c'est l'ennemi qui récolte à notre place. Il arrive qu'ils en profitent pour égorger nos chèvres et les manger », rapporte-t-il.
Au seul mois de novembre dernier, huit agriculteurs ont disparu dans la région. Introuvables depuis. Tous étaient des mineurs âgés de 8 à 16 ans.