A priori, il n’y pas de lien entre les deux épisodes. Il s’agirait, cette fois, d’une série d’assassinats menés par des bandits, comme Beni en a, hélas, l’habitude.
Un chauffeur du quartier de Butsili et une famille de quatre personnes au quartier Tamende ont tous été tués, chez eux, dans la nuit. De quoi contribuer à faire encore monter la tension d’un cran.
A Beni, la population n'en peut plus d'enterrer ses morts en silence et surtout sans comprendre. Et c'est pour dire tout haut cette colère que les habitants du quartier Tamende ont voulu marcher samedi, cadavres sur les bras jusqu’aux locaux de la mairie. La police est intervenue pour les en empêcher. Des pneus ont été brûlés. Vers midi, un calme précaire semblait revenu, mais la plupart les boutiques de Beni n’ont pas ouvert.
Une manifestation spontanée qui dit bien l'usure de ces populations confrontées presque quotidiennement et depuis des années à des assassinats, pillages et autres enlèvements.
« La population a la chair de poule »
Pourquoi ? De la part de qui ? Dans quel but ? Des questions que chacun se pose à Beni. Beaucoup spéculent sans grandes certitudes et le grand flou qui entoure encore l'attaque de jeudi sur la base de la Monusco de Semukili n'arrange rien.
Une chose est sûre : depuis plusieurs mois, la nature des attaques dans la zone a changé. Elles visent moins les civils et davantage les militaires congolais comme onusiens, et étonnent par leur férocité. Car nul doute que les assaillants de ce jeudi étaient préparés et lourdement armés.
Or à Beni, la population a beau critiquer souvent la passivité de la Monusco, le contingent tanzanien qui a été touché reste l'un des moins décriés. « Si on commence à s'en prendre à votre bouclier, c'est qu'on peut vous atteindre, résume un habitant. La population a la chair de poule. »