Au Nord-Kivu, les deux groupes armés les plus importants restent les Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR-rebelles hutus rwandais), malgré les opérations conjointes Forces armées de RDC (FARDC) et de l'ONU, et le NDC Renové du chef de guerre Guidon. Au Sud, c’est la nouvelle Coalition nationale du peuple pour la souveraineté du Congo (CNPSC), dirigée par William Amuri Yakutumba, qui a fait parler d'elle ces derniers mois dans le territoire de Fizi, et toujours la nébuleuse Raïa Mutomboki.
Mais depuis le dernier « mapping » du GEC, il y a deux ans, le nombre de groupes armés a doublé pour atteindre le chiffre de 120. Une réalité inquiétante pour Christoph Vogel, qui a dressé en 2016 un état des lieux des groupes armés à l'est du Congo : « Cette fragmentation de la topographie des groupes armés est énormément inquiétante, notamment aussi parce que cela veut dire que tous les acteurs qui essaient de positivement influencer ce conflit, cela devient de plus en plus difficile déjà de commencer par comprendre ce qui se passe ».
Autre constat pour Christoph Vogel, si les groupes armés ont souvent été politisés au Congo, le maintien au pouvoir de Joseph Kabila, au-delà de son deuxième et dernier mandat constitutionnel, semble avoir encore renforcé cette polarisation : « Cette politisation se développe dans un sens plus prononcé envers une position ouverte aussi contre un gouvernement qui est perçu de plus en plus illégitime, non seulement par certaines parties de la population, mais aussi certaines parties de différents groupes armés ».
L'objectif du baromètre du Kivu, c'est de rendre plus compréhensible une crise qui désintéresse de plus en plus les bailleurs, comme les médias, alors que le pays a enregistré près d'un million de déplacés internes supplémentaires cette année, plus que le Yémen ou la Syrie.