Un procès pour crimes contre l'humanité à la Haye contre le destructeur des mausolées de Tombouctou, un autre visant l'ancien commissaire de la police islamique de Gao surnommé «le boucher» et enfin un début de procédure contre l'ex-président putschiste Amadou Haya Sanogo: ce sont là des victoires judiciaires mais ce n’est pas encore suffisant, estime Maître Moctar Mariko, président de l'association malienne de défense des droits de l'homme.
« En 2012, personne ne pouvait croire qu’on pouvait avoir de tels procès au Mali. Voilà pourquoi je dis que nous avons beaucoup avancé, explique t-il à RFI. Nous avançons mais, souvent, cela s’estompe tout de suite. Nous pensons et nous pouvons supposer que c’est peut-être le politique. Par conséquent, si on pouvait vraiment surmonter ce pan du politique par rapport au judiciaire, on aurait beaucoup avancé dans les dossiers du Mali ».
L'avocat prend pour exemple le dossier des crimes sexuels perpétrés par les jihadistes au nord du Mali, en 2012.
« La plainte pour les femmes victimes de violences sexuelles avait beaucoup avancé. En effet, on a pu faire venir de Gao 37 femmes qui ont été auditionnées par le juge, par la justice. Mais que s’est-il passé ? Il y a eu un arrêt qui est tombé - arrêt de la Cour suprême - et tous les juges ont dit : non, je ne peux plus toucher à ces dossiers. Eh bien ces dossiers-là sont maintenant dans les tiroirs », regrette Maître Moctar Mariko.
Autrement dit, c’est la faute à un flou juridique. Quant aux juridictions compétentes à se saisir du dossier, la FIDH et l'AMDH dénoncent un manque de volonté politique quant à la poursuite des auteurs de ces crimes.