Ahmed al-Faqi al-Mahdi a été condamné pour un crime grave puisque, comme l'a rappelé le juge de la CPI, les bâtiments n'étaient pas des objectifs militaires et ont été détruits pour leur dimension religieuse. Qui plus est, les mausolées et la porte de la mosquée étaient classés au patrimoine mondial, leur destruction est donc dommageable pour les Tombouctiens mais au-delà, pour les Maliens et l'ensemble de l'humanité. La peine de neuf ans est conforme à l'accord passé entre l'accusation et la défense. Aucune partie ne va donc interjeter appel.
La Cour a condamné al-Mahdi pour le rôle essentiel qu'il a joué. En lien direct avec les leaders terroristes, il a planifié, exécuté, directement participé et justifié ces destructions. En revanche, cinq circonstances atténuantes ont été retenues : son aveu de culpabilité, qui peut favoriser la réconciliation au Mali selon la Cour ; sa coopération avec l'accusation ; ses remords exprimés en début de procès lorsqu'il avait présenté ses excuses et lancé un appel à ne pas se livrer aux mêmes actes que lui et en offrant de rembourser le coût d’une porte détruite sur le site de la mosquée Sidi Yahia ; sa réticence initiale à détruire les mausolées lorsqu'il avait été consulté par Abou Zeid ; et dans une moindre mesure, sa bonne conduite en détention.
Premier procès sur les biens culturels
Ce procès était inédit à la CPI pour plusieurs raisons. C'était en effet la première fois qu'un accusé plaidait coupable et c'était aussi le premier procès sur la destruction de biens culturels. Durant toute la procédure, l'accusation a souligné la valeur d'exemplarité qu'aurait le jugement, alors que de nombreux sites classés sont régulièrement détruits, notamment en Irak et en Syrie.
Première réaction après cette condamnation, celle de l'ONG Human Rights Watch. Pour l’organisation, la CPI a envoyé un « signal clair » pour montrer que le fait de s’attaquer au patrimoine historique de l'humanité ne restera pas impuni. Mais comme plusieurs ONG maliennes et internationales, elle demande des poursuites contre les auteurs de crimes de sang pendant l'occupation du nord du Mali.