RDC: la Cenco déplore l’«usage disproportionné de la force» par la police

Au moins 56 personnes ont été tuées au cours d’une manifestation en RDC entre avril et octobre 2017, selon la Cenco. La Conférence épiscopale a déployé 200 observateurs sur le terrain pendant six mois à Kinshasa et dans les principales grandes villes du pays pour étudier la façon dont se déroulent les manifestations publiques. Elle a rendu ses conclusions ce lundi et déplore l’« usage disproportionné de la force » par la police.

La conclusion de la Cenco est sans ambiguïté : plus de 98% des cas de violations des droits de l’homme recensés pendant des manifestations résultent d’un usage disproportionné de la force par la police et les services de sécurité. Contre 1,33% liés à actes de vandalisme commis par les manifestants, incendies de postes de police, par exemple.

Sur les 56 morts enregistrées, 52 ont été tués par balle estime la Cenco, un par gaz lacrymogène, tandis que trois policiers ont été tués par des manifestants. En six mois, la Cenco a également recensé « au moins 105 blessés, dont 87 par balle » et plus de 350 arrestations.

Les évêques notent également un contraste. D’un côté les marches et réunions organisées par l’opposition, la société civile ou les mouvements citoyens sont « interdites, étouffées, dispersées », notent les évêques. De l’autre celles organisées par la majorité se déroulent, elles, « en toute quiétude ».

« La police choquée », selon Lambert Mende

La Cenco déplore enfin « l’ambiguïté » autour des conditions d’organisation des manifestations. Une nouvelle loi sur le sujet a bien été votée en 2015, mais elle n’a toujours pas été promulguée. Laquelle des deux lois appliquer ? C’est le flou. Les évêques regrettent enfin que si peu d’investigations sont menées sur les violences enregistrées pendant les manifestations qu’il s’agisse de violations des droits de l’homme ou de trouble à l’ordre public.

« La police est choquée par ces accusations », a réagi ce lundi soir le porte-parole du gouvernement congolais. Lambert Mende reproche à la Cenco de ne pas avoir donné le nom et les identités des victimes recensées, contrairement estime le ministre « à ce que font les professionnels de la défense des droits de l'homme ». « Sans avoir de détails ni l'identité des présumées victimes je ne vois pas quelles suites donner ni sur la base de quoi nous pouvons enquêter », poursuit Lambert Mende.

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