Pour Detoh Letoh, ce procès est une tribune. Cela lui permet de clarifier son état d’esprit au moment où il bascule dans le camp d’Alassane Ouattara, le 31 mars 2011.
« Beaucoup m’ont traité de fuyard », regrette-t-il. Mais « je voulais que la guerre cesse, assure Detoh Letoh, je savais que nos éléments sur le terrain n’avaient plus de moyens. »
Une fois à l’hôtel du Golf, Alassane Ouattara décide de le maintenir dans sa fonction de commandant des forces terrestres. Il a occupé cette position jusqu’au 7 juillet 2011. Detoh Letoh décrit avec beaucoup de sobriété ce changement de camp : « Je sortais rarement. J’avais le droit de sortir, mais vu le contexte, je ne pouvais pas sortir à tout moment », explique-t-il.
La défense lui demande ensuite de s’expliquer sur ses premiers contacts avec le bureau du procureur courant 2011. « Le bureau du procureur vous a-t-il fait une promesse en échange de votre témoignage ? demande Me Emmanuel Altit, l'avocat principal de Laurent Gbagbo. Non, vous m’offensez, s'emporte Detoh Letoh. Je ne suis pas quelqu’un que l’on corrompt ».
« Vous a-t-on informé que vous étiez susceptible d’être poursuivi par la Cour ? », poursuit Me Emmanuel Altit.
« Non, c’est bien le contraire. Ils m’ont dit que je devais être protégé », explique le militaire à la retraite. Detoh Letoh, qui revient à la barre, sur ses réticences de départ, évoquées en 2011 avec l'équipe de la CPI.
« Nous avons constaté que nous n’avons jamais vu que l’enquête était menée aussi chez les gens d’en face. Il n’y a rien de caché. Si les enquêteurs avaient rencontré les autres, on l’aurait su. Il y a une injustice parce que nous étions harcelés. »
La CPI insiste sur l'impartialité de la procédure. Le procureur Fatou Bensouda assure que son bureau enquête de manière « intensive » depuis 2015 au « sujet des forces pro-Ouattara ».