Lors des élections, les forces terrestres sont réquisitionnées. Leur but, précise Detoh Letoh, est de « protéger » le déroulement du scrutin. Mais que s'est-il passé exactement après ? Qui donnait des ordres lors des moments « forts » de la crise post-électorale ?
Detoh Letoh n'hésite pas à lister les personnalités en poste au sein des forces de sécurité. Nommé le 22 janvier 2011, au rang de chef d'état-major adjoint des armées, il commande les opérations militaires sur la capitale. Abidjan est divisée en six zones. Au fil des jours, la tension monte, notamment à Abobo. A chaque événement, se souvient Detoh Letoh, l'ensemble des hauts gradés rendaient compte de la situation sur le terrain lors de réunions avec Laurent Gbagbo.
« Je rendais compte au chef d'état-major des armées, soit par message ou par téléphone », précise Detoh Letoh. Tous les hauts gradés des forces de sécurité participaient régulièrement à des réunions de debriefing pour informer Laurent Gbagbo de la situation. « Je veillais à ce que les ordres soient appliqués », ajoute-t-il.
Comme Philippe Mangou, Detoh Letoh insiste sur la difficulté rencontrée pour sécuriser le quartier d'Abobo, où les forces régulières faisaient face au commando invisible.
Une question reste en suspens : pour les autorités militaires, le quartier d'Abobo était-il considéré comme une « zone de guerre » ? Officiellement, non. « Laurent Gbagbo avait refusé », souligne Detoh Letoh. Mais ce témoignage comporte plusieurs zones d'ombres. Detoh Letoh affirme par exemple ne plus se souvenir à quel moment les forces de sécurité ont fait usage de mortier. L'ancien militaire insiste en revanche sur un point, à ce moment de la crise, dit-il, « nous étions en position de défense, ce sont toujours nos forces qui étaient attaquées. »