Des policiers tunisiens manifestent pour un élargissement de leurs prérogatives

En Tunisie, des centaines de policiers ont manifesté pour réclamer l'adoption d'un projet de loi élargissant leurs prérogatives. Le mouvement fait suite à la mort d'un membre des forces de sécurité poignardé mercredi 1er novembre devant le Parlement. Mais les défenseurs des droits de l'homme craignent que le Parlement n'accorde un dangereux blanc-seing aux policiers.

A Sfax, Gabès, Bizerte et Siliana, les forces de l'ordre ont battu le pavé pour demander au Parlement de leur donner les moyens de se protéger.

La mort d'un des deux policiers poignardés mercredi 1er novembre à Tunis a relancé le débat sur un projet de loi visant à protéger les agents des forces de sécurité. Le texte, défendu par les syndicats de police, n'a jamais franchi l'étape parlementaire face à la pression de la société civile qui le juge dangereux.

L'article 18 stipule en substance qu'en cas de réaction proportionnelle et légitime, le représentant des forces de l'ordre peut être exonéré de toute responsabilité pénale pour les blessures ou la mort de l'auteur d'une infraction si le danger ne pouvait être écarté autrement.

Les policiers y voient une disposition essentielle pour accomplir leur mission alors que les défenseurs des droits de l'homme sont vent debout contre ce qu'ils qualifient d'impunité en cas de violences policières. Des ONG accusent purement et simplement le projet de loi d'être contraire aux normes internationales en autorisant le recours à la force et la mise en danger de la vie des citoyens.

Mais dans ce contexte de vive émotion, le président de la République a estimé qu'il fallait accorder une priorité absolue au projet de loi. L'Assemblée des représentants du peuple a donc ressorti le texte du placard et modifié son agenda pour le présenter la semaine prochaine devant la commission de la législation générale.

Le débat ne fait donc que débuter et les parlementaires auront la tâche ardue pour satisfaire la demande légitime des forces de sécurité de renforcer leurs moyens d'action, sans pour autant empiéter sur les libertés publiques des citoyens.

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