Parades amoureuses, sauts, allaitement de baleineaux, si le spectacle que les baleines à bosse offrent en ce moment aux Malgaches et aux touristes est époustouflant, il n'en était pas de même l'an dernier, dans le canal de Sainte-Marie (à l'est de Madagascar) et dans l'océan Indien en général. Les chercheurs ont semble-t-il trouvé une explication.
Henri Bellon, président de Cétamada, l'association de protection de cétacés à Madagascar, était l'un des organisateurs de ce 2e congrès mondial sur le géant des mers. « 2015 et 2016 ont été des années où on a observé moins de baleines à bosse que d'habitude, et où l'eau était plus chaude également, explique-t-il. Environ 2°C au-dessus de la moyenne. Des scientifiques, notamment du Mozambique, ont montré qu'il y avait une corrélation avec la température de l'eau, c'est-à-dire que si l'eau est trop chaude, les baleines ne viennent plus là, ou moins. »
Le phénomène climatique El niño est directement pointé du doigt. C'est lui qui serait à l'origine du réchauffement de l'eau, du blanchiment des coraux, et de l'éloignement des baleines. Ainsi, durant cette période, les mères et leurs baleineaux ne constituaient que 5% des individus observés dans le canal Sainte-Marie. Cette année, avec une eau redescendue à 22°C, une baleine sur deux est accompagnée de son petit. Un lieu exceptionnel d'observation pour les scientifiques du monde entier.
« La génétique a montré que la population du canal Sainte-Marie s'est reconstruite presque totalement après le génocide qu'elle a subit - parce qu'on a tué des baleines pendant 80 ans (NDLR : la dernière chasse à la baleine dans le canal Sainte-Marie date de 1951), plus de 220 000 individus sur la planète, poursuit Henri Bellon. Aujourd'hui, c'est très encourageant. La protection qui a été mise en place dans la zone donne bon espoir pour la survie de l'espèce. »
Aujourd'hui, on estime la population mondiale de baleines à bosse à 80 000, dont 15 000 environ qui viendraient autour de Madagascar. Devant cette concentration, les scientifiques présents au congrès ont proposé de classer au patrimoine mondial, cette « route des baleines ».