6h30 du matin. Gare routière de Kawangware. Perchés sur un véhicule bleu à l’effigie de Nelson Mandela, des jeunes hissent les bagages volumineux des passagers sur le toit du bus. Melisandre est déjà installée à l’intérieur, son enfant dans les bras.
« Je veux aller voter à la maison, annonce-t-elle. Vous savez parfois les gens parlent de 'si Raila gagne, ou de si Uhuru gagne, on ne sait pas ce qui peut se passer'. » Certains parents, qui doivent rester travailler à Nairobi, ont décidé de mettre leur famille dans le bus. « Ma sœur envoie ses enfants à la maison. Parce que vous savez, on se sait jamais ce qui peut arriver, vu ce qu’il s’est passé en 2007. »
En 2007, à Kawangware, des violences à caractère ethnique avaient opposé les tribus soutenant Mwai Kibaki, et celles soutenant Raila Odinga. Cette année, la peur de nouvelles violences pousse beaucoup d’habitants appartenant aux tribus favorables à l’opposition à partir.
Rogers gère une compagnie de bus. Il a augmenté ses prix. « Il y a deux semaines ou un mois, cela coûtait 800 shillings. Maintenant cela a doublé. Et cela peut même monter ben plus haut que 1 500 shillings. Pourquoi ? Et bien parce qu’il y a beaucoup de monde, et pas assez de véhicules. Ce bus-là est plein. Donc, nous devons leur dire de revenir demain, ou ce soir. »
Devant la fuite d’un grand nombre de leurs partisans pourtant enregistrés sur les listes électorales à Nairobi, certains politiciens de l’opposition ont lancé la campagne « adopte une station de bus », demandant à leurs militants de convaincre ceux sur le départ de rester à Nairobi pour aller voter.