Assassinat des experts de l'ONU en RDC: le témoignage attendu de J-B Mukanda

C'est un témoignage dont tout le monde parle à Kananga et qui a créé la surprise. Jean-Bosco Mukanda, témoin vedette du procès des assassins présumés des deux experts onusiens, était appelé lundi à la barre, il ne s'est pas présenté et a finalement témoigné ce jeudi 21 juillet. Un témoignage attendu, car celui-ci était mis en cause par l'un des principaux accusés comme étant lui-même milicien et présent au moment des faits. Selon les informations recueillies par RFI, Jean-Bosco Mukanda a bien des casquettes: ancien chef de milice lui-même, enseignant à Bunkonde où le meurtre semble avoir été en partie planifié, il est également présenté comme un journaliste travaillant pour la radio du député Clément Kanku mis en cause dans cette affaire par le New York Times mais aussi comme un informateur, un collaborateur des FARDC. Ce jeudi, Jean Bosco Mukanda a effectivement reconnu qu'il était présent avec les miliciens durant une partie de leur forfait, mais il est ressorti libre du tribunal.

A la barre, Jean-Bosco Mukanda a à nouveau accusé Evariste Ilunga, principal accusé dans ce procès, et le chef de milice Kamuina Nsapu, Bula Bula, d'être responsable du meurtre des deux experts, comme il l'avait d'ailleurs déjà fait quelques minutes après leur exécution en ce dimanche 12 mars 2017.

Jean-Bosco Mukanda dit à la justice militaire congolaise avoir assisté toute la scène ou presque, se mêlant aux miliciens. « C'est le jour où j'ai aperçu monsieur Ilunga avec... la tête d'une dame blanche qui a été assassinée avec un (autre) blanc et trois taximen congolais. Mais ils n'ont pas été exécutés au village, ils étaient à une faible distance du village... après (les) avoir exécutés, il a acheminé ce qu'il avait coupé au village...»

L'un des magistrats militaires fait immédiatement l'éloge de son courage sans remettre en cause ses affirmations. « Et tu n'as pas eu peur des miliciens qui t'ont déjà torturé pour divulger un tel secret ? ... Qu'est-ce que t'a poussé ? C'est ton sentiment de patriotisme ?» 

Quelques minutes plus tôt, Jean-Bosco Mukanda disait que le même chef Bula Bula et les mêmes miliciens dont Evariste Ilunga l'avaient presque décapité dans les semaines qui ont précédé le meurtre pour ses liens avec l'armée congolaise. Mais le jour de l'assassinat des deux experts onusiens, à en croire ses dires, l'ancien milicien a pu rester parmi eux alors qu'ils commettaient leur forfait.

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