Cette année, c'est avec un peu plus d'espoir que les voisins et les amis se rassemblent dans la cour de la famille d’Ebrima Manneh. Sheriff Njie, un des oncles du journaliste, prie aujourd'hui pour enfin connaître la vérité sur ce qu'il s'est passé il y a 11 ans.
« Je suis très triste car je ne peux pas l'oublier, j'ai besoin de savoir exactement ce qui est arrivé à Chief. Si quelqu'un l'a tué. S'il est mort par accident. On doit savoir », martèle-t-il.
En janvier dernier, la police a confirmé la mort d'Ebrima Manneh. Mais ce n'est pas suffisant pour sa sœur, Adama. « Ces onze dernières années, avec la famille, on pensait qu'il était en prison, mais on ne pouvait pas le voir. On ne savait pas ce qu'il était devenu. Jusqu'à ce que l'ancien régime perde les élections. C'est maintenant qu'on apprend qu'il a été tué. On veut récupérer son corps et pouvoir organiser des funérailles. Et on veut savoir la vérité, on veut obtenir justice », explique la jeune femme.
Pour ses collègues, comme le photojournaliste Uthman Jeng, savoir ce qui s'est passé est crucial pour la profession. « C'est très important que justice soit faite, pour en faire un exemple et éviter que quelque chose comme ça se reproduise. C'est une personne que les journalistes ne pourront pas oublier dans le pays. C'est devenu un symbole ».
La famille espère que la future commission vérité et réconciliation permettra d'éclaircir sa disparition. Chief Manneh est le seul journaliste parmi les disparitions déclarées sous Yahya Jammeh. Mais la famille d'un autre journaliste gambien, Deyda Hydara, assassiné en 2004, attend elle aussi justice de la part du nouveau gouvernement.