Costume sombre et cravate bleue, c'est d'un air assuré que Bosco Ntaganda rejoint la place des témoins face aux juges.
Après qu'il ait prêté serment en swahili, son avocat l'interroge. Son âge, son lieu de naissance, sa religion ? une femme ? des enfants ? Son avocat semble vouloir dresser le portrait le plus détaillé possible de l'ex-chef rebelle. Revenir aussi sur le contexte dans lequel Bosco Ntaganda rejoint pour la première fois un groupe armé.
C'était en 1990, lorsque le Front patriotique rwandais, rébellion tutsi, lance son offensive contre Kigali. Bosco Ntaganda vit alors dans l'est de la RDC et n'a que 17 ans. « J'étais encore étudiant, raconte l'ancien chef de guerre, la situation a commencé à changer dans toute cette partie rwandophone, là où nous vivions. Nous avons appris que tous les tutsis seront tués. Lorsque nous avons entendu qu'il y avait des machetes qui venaient (pour tuer des Tutsis), tous ceux qui étaient forts ont pris la décision de rejoindre l'armée pour éviter d'être massacrés ! »
Petit à petit, au fil de questions qui semblaient plutôt ennuyeuses, on voit se dessiner la stratégie de la défense : dresser un portrait le plus humain possible de l'ex-chef rebelle. L'avocat de Bosco Ntaganda l'avait d'ailleurs annoncé. Le témoignage de son client doit servir à ce que les gens le perçoivent comme un être humain. Car, pour sa défense, depuis le début le procureur n’a présenté qu’une version tronquée de ses faits d’armes, faisant l'impasse notamment sur tout le contexte régional dans lequel les attaques et les massacres ont eu lieu.