Ce rassemblement d'envergure se pose d'abord comme une démonstration de force du mouvement Al-adl al-hisan qui avait appelé à manifester. Cette confrérie de tendance islamiste, non reconnue par les autorités mais tolérée, a démontré qu'elle pouvait encore mobiliser les foules et ses adeptes malgré la mort de son leader charismatique.
Dans le cortège également des petits partis de gauche ainsi que le Mouvement du 20-Février, né de la contestation du printemps arabe en 2011. Des démonstrations de soutien, de moindre envergure, s'étaient déjà tenues les semaines passées à Rabat et Casablanca, dispersées sans ménagement par la police. A Fès, des affrontements avaient éclaté entre partisans et détracteurs du mouvement baptisé Hirak, né de l'indignation populaire provoquée par la mort tragique d'un vendeur de poisson broyé par une benne à ordures en octobre dernier à Al Hoceima.
Depuis 15 jours les arrestations dans les rangs du mouvement se sont multipliées, pour devenir quasi-quotidiennes. Dans la capitale du Rif les rassemblements d'envergure sont empêchés par la police qui occupe les places et quadrille le quartier de Sidi Abed.
Pour contourner le dispositif policier, les protestataires tiennent des manifestations éclair organisées au dernier moment. A Al Hoceima, la crainte des arrestations est omniprésente et la peur de témoigner palpable. Face aux accusations de violences policières, le roi Mohamed VI a ordonné que des expertises soient menées pour faire la lumière sur des faits présumés de torture pendant des gardes à vue. Pour tenter d'apaiser les esprits, le chef du gouvernement Saad Eddine el Othmani est par ailleurs attendu à Al Hoceima dans les prochains jours.