Dans son mémo, le général Balla Keïta, le commandant de la force onusienne en Centrafrique, dissimule mal sa colère contre ce bataillon congolais « tristement célèbre pour ses comportements en matière d'exploitation et d'abus sexuels, de trafic de carburant et son manque de discipline ». Il y explique avoir adressé pas moins de six blâmes au commandant du bataillon depuis le début de l'année.
Et les problèmes ne datent pas d'hier. « Malgré le rapatriement de l'ancien commandant, il n'y a pas eu d'amélioration dans le comportement du bataillon congolais », écrit dans son mémo le général Balla Keïta, qui commande les casques bleus en Centrafrique. Il ajoute même que « la situation s'est détériorée au point qu'on ne peut plus faire confiance à ce bataillon en raison de son mauvais commandement, de son manque de discipline et de ses déficiences opérationnelles. »
Dans le détail, le rapport relève que les rivalités entre le commandant congolais, ses adjoints et les commandants d'unité ont paralysé le bataillon. La maintenance des équipements laisse par ailleurs vraiment à désirer. Sur les 114 véhicules dont dispose le bataillon, 18 seulement sont en état de marche.
Un peu plus de 600 soldats congolais sont déployés dans le sud-ouest de la RCA. L'an dernier, 120 casques bleus congolais soupçonnés d'être impliqués dans des viols, sur mineurs notamment, ont été renvoyés à Brazzaville. Or depuis, rien n'aurait été fait pour limiter les risques d'abus sexuels ou d'exploitation par ces militaires. A Berbérati par exemple, le nouveau camp n'est ni fermé ni réellement gardé. Les civils comme les militaires entrent ou sortent sans aucun contrôle.
Aids-Free World, l'ONG qui a révélé ces documents confidentiels, met en avant les contradictions entre cette situation et la politique de « tolérance zéro » en matière d'abus sexuels, mise en avant par les Nations unies.
De son coté, le département des opération de maintien de la paix de l'ONU se contente de reconnaître que la Minusca a effectué une mission d'évaluation dont les résultats ont été transmis à l'Etat contributeur, et que les options sont à l'étude.
Le général Keïta est plus tranché. Il estime que si rien n'est fait par le Congo, son bataillon devra être totalement rapatrié.