C'est sûr, sa disparition ne pouvait pas passer inaperçue. Sur ce rond-point, un soldat faisait fièrement le signe de la victoire, son fusil dans le dos, et un bébé dans les bras. Un symbole que ce chargé de la sécurité du site ne supportait plus d'avoir sous les yeux : « Ça ne renvoyait pas une bonne image,car maintenant, nous ne sommes plus une dictature, affirme-t-il. On espère avoir un autre symbole, car aujourd'hui, la Gambie est un pays libre, vraiment ».
La statue avait déjà subi quelques « ajustements» après la défaite de Yahya Jammeh. Des Gambiens l'avaient habillée d'un tee-shirt avec l'inscription « La Gambie a décidé » (Gambia has decided). Son retrait est une décision collective du gouvernement après consultation de leaders communautaires.
« La transition de la dictature et la démocratie implique que l'on agisse vis-à-vis des symboles, explique le ministre des Travaux Publics, Bai Lamin Jobe. Il y a beaucoup de choses que l'on envisage d'enlever ou de transformer. Le nom de certaines rues, d'autoroutes même. On réfléchit à tout ça ».
L'historien Assan Saar lui, met en garde contre la tentation de vouloir effacer toute trace de l'ancien régime. « Personne ne peut s'affranchir de son passé. L'histoire de la Gambie ne peut pas s'écrire sans parler de cette période militaire, assure-t-il. Peut-être que l'on devrait utiliser cela pour éduquer les plus jeunes, et leur expliquer voici ce que cet ancien gouvernement représentait, voici ce qu'ils ont fait ».
Selon le gouvernement, la statue pourrait rejoindre les collections du musée national. Un comité consultatif a été mis en place pour décider des futurs changements, et pour l'instant, le gouvernement ne sait pas si un autre monument remplacera la statue retirée.