Ils ont chacun leur histoire, leur propre combat, mais tous ont décidé d’unir leur force. Parmi les membres, un nom surprend : Ebrima Jammeh. Son père, Haruna, était un cousin de Yahya Jammeh. Un jour, il n’est jamais rentré chez lui : « Pendant un moment on n'a jamais su ce qui lui était arrivé, raconte Ebrima. On disait juste : "Il a disparu, il a disparu". Et un jour, on a appris qu’il avait été tué par Jammeh et ses complices. Le fait de former cette association, ça a été un grand soulagement pour moi. Quand je vois les autres victimes, j’ai espoir qu’on obtienne justice un jour, ça me donne beaucoup plus de courage. »
Le centre possèdera bientôt un bureau pour accueillir toutes les victimes et leurs familles. Mariama Saine, 27 ans, une activiste arrêtée et torturée sous l’ancien régime, est soulagée par cette initiative : « C’est un moment émouvant aujourd’hui. Ils ont annoncé que le centre donnerait aussi des conseils, avec des experts, pour écouter notre douleur. Et on pourra rencontrer plusieurs professionnels pour nous aider. C’est une idée qui me plait. »
Un centre incontestablement soutenu par le gouvernement, puisque trois ministres étaient présents. Aboubacar Tambadou, ministre de la Justice, sait tout l’espoir que placent les victimes dans son action : « L’affluence aujourd’hui est la preuve des fortes attentes, déclare-t-il. Le gouvernement s’est engagé à ce que la justice soit respectée dans toutes ses formes et que les victimes aient une voix. Il faut la justice, mais aussi la réconciliation. »
Le ministre de la Justice a répété son souhait de voir une Commission vérité et réconciliation établie avant la fin de l’année.
→ A (re)lire : Gambie: création d'une association pour les victimes du régime Jammeh