Après deux ans d'incarcération, Nnamdi Kanu est finalement libéré. Pourtant, de nombreux jugements avaient déjà été rendus en sa faveur, mais avaient été rejetés par le gouvernement.
Vincent Obbeda, qui a été son avocat d'octobre 2009 à janvier 2016, explique la raison de cette libération. « La raison pour laquelle la cour a accepté la libération sous caution, c'est pour des raisons de santé, pour qu'il puisse se soigner, précise-t-il. Le juge a observé que Nnamdi ne pouvait plus se tenir debout lors des audiences au tribunal. Ce qui change, c'est que cette fois, sa santé se détériore. C'est pour ça qu'il a obtenu une liberté sous caution. »
Ifeanyi Ejiofor, l'avocat de Nnamdi Kanu avait annoncé sa libération samedi, en précisant qu'il avait « rempli les conditions de sa libération ». Ces conditions, c'est l'interdiction de parler à la presse, de prendre part à une manifestation, et même de se rassembler avec un groupe de plus de dix personnes.
Emma Nmazu, l'actuel directeur de Radio Biafra, et ami de Kanu, se réjouit pourtant de cette nouvelle. « C'est très bien qu'il ait été libéré sous caution, se réjouit-il. Il va s'asseoir avec ses avocats sans être interrompu, il va très bien se conduire en prévision du procès de juillet. Tout le monde est très heureux qu'il ait été libéré sous caution, il va pouvoir se rétablir et se battre pour son affaire. »
Les charges de trahison et d'appartenance à une organisation illégale pèsent toujours sur Kanu. Il risque la prison à perpétuité.
Leader controversé
Tribun hors pair, personnage controversé, Nnamdi Kanu s'est imposé comme le chef de file du mouvement indépendantiste pour les peuples indigènes du Biafra (IPOB).
Son combat commence à l'université, alors qu'il a déjà trente ans. Révolté par la négligence du pouvoir central nigérian, il commence à lutter avec virulence pour l'indépendance du Biafra en 2009, une fois ses études terminées. Il va même jusqu'à promouvoir l'usage de la violence face au gouvernement du Nigeria, pays surnommé « le zoo » au sein de l'IPOB.
Dans la continuité de son combat, il devient directeur de Radio Biafra, une station basée en Grande-Bretagne où il fait de nombreux séjours. Là-bas, via les ondes, il appelle à la sécession du Biafra avec l'Etat du Nigeria en 2014.
Il se fait d'ailleurs arrêté alors que, de retour au Nigeria, il installait des émetteurs radio dans le sud pays. En protestation, une vague de manifestation explose alors dans le pays.
La libération de Nnamdi Kanu intervient un mois avant le cinquantenaire de la guerre civile de 1967 pour l'indépendance du Biafra. Avec un bilan de plus d'un million de morts, le sujet est toujours très sensible et clivant au sein de la société nigériane.
→(Re)lire: Nigeria: l'indépendantiste biafrais Nnamdi Kanu jugé pour «trahison»