Face à un gouvernement aussi susceptible que le gouvernement éthiopien, l'organisation Human Rights Watch veut rester prudente. Felix Horne est son expert pour l'Ethiopie et l'Erythrée. Avant de faire connaître un jugement final sur le rapport de la Commission des droits de l'homme, il préfère attendre d'obtenir sa version écrite.
« Bien sûr c'est un pas dans la bonne direction, de reconnaître que certains policiers ont fait usage d'une force excessive. Mais c'est très éloigné de ce qui serait nécessaire. Nous avons besoin de savoir comment ils en arrivent à ces conclusions, et pour ça nous attendons d'avoir la version écrite du rapport. »
Félix Horne prend en exemple la précédent dossier. « Le premier rapport soumis au Parlement, en juin l'année dernière, nous n'en avons obtenu une copie écrite que la semaine dernière. Et dans ce texte-là, il est clair que la Commission n'a presque interrogé que des responsables locaux, des officiers des forces de l'ordre et des chefs traditionnels. Et on ne sait pas s'ils ont interrogé des victimes des exactions de la police. »
Pour la directrice du mensuel indépendant Addis Standard, Tsedale Lemma, ce rapport n'est de toute façon pas totalement sincère, puisque ce sont les puissants alliés occidentaux de l'Ethiopie qui l'ont poussé à le produire.
« Penser que l'état d'urgence ou la publication de ce rapport serait la baguette magique pour calmer la situation serait à mon avis politiquement naïf. Les demandes du peuple sont absentes. Ce qu'ils font, c'est tout simplement couvrir les revendications populaires avec du jargon bureaucratique. »
A l'issue de la présentation du rapport devant le Parlement, le gouvernement éthiopien n'a pas précisé ce qu'il comptait en faire.