A l'Université du Burundi, la police et le très redouté Service national de renseignement, qui dépend directement de la présidence, traquent depuis deux semaines les représentants des étudiants qui sont tous passés dans la clandestinité. Deux délégués imprudents ont été arrêtés en pleine rue ce week-end, l'un d'eux a été interpellé par des agents qui le pistaient à bord d'une camionnette banalisée alors qu'il sortait de la messe du dimanche. Ils ont rejoint dans les cachots des services secrets burundais quatre de leurs camarades arrêtés au cours des derniers jours, tous accusés d'avoir « préparé », rien de moins qu'« une insurrection » à l'université.
A l'Ecole normale supérieure, le pouvoir burundais manie le bâton et la carotte. Deux des principaux leaders de la mobilisation viennent d'être exclus définitivement de l'établissement et il y a quelques jours, les autorités ont distribué des « cadeaux » à la centaine d'étudiants qui ne font pas la grève, un sac de 5 kg de riz et l'équivalent de 4 euros pour inciter les autres à regagner les auditoires. En vain.
Depuis lundi, les représentants des quelque 18 000 étudiants des trois institutions universitaires publiques du Burundi ont donc décidé d'unir leur force en créant un organe unique de coordination de leur mouvement de grève afin de faire face à une pression qui ne cesse de croître.
Ils dénoncent, dans un communiqué conjoint « la politisation » de leurs doléances et le recours systématique à la répression par le pouvoir, et ils continuent d'exiger l'ouverture d'un véritable dialogue avec le gouvernement, ce qui leur a été refusé jusqu'ici.