Jasmine Asekome est chargée de la communication de Sesor Foundation.
Cette ONG travaille notamment sur la réinsertion économique de femmes déplacées du Borno. L’activité de Jasmine l'amène à être sur les réseaux sociaux. Elle relaie très souvent des messages sur le sort des lycéennes de Chibok encore captives. « Au début, juste après l'enlèvement, tout le monde se sentait concerné, surtout ici à Lagos. Mais au fil des années, les gens ont commencé à se désintéresser. Et pour être honnête maintenant, plus personne n’en parle », déplore la militante.
Ier-Jonathan Ichaver, la directrice de Jasmine, est sidérée par les réactions qu'elle entend lors de ses missions ailleurs dans le pays. « Il y’a encore des gens qui sont dans le déni, constate-t-elle. Il y a encore des gens qui me pose la question. En janvier dernier, j'étais à Enugu dans l'est du Nigeria et quelqu'un m'a dit : ‘’vous, vous allez dans le Nord et vous travaillez sur place avec les populations de là-bas, est ce que c'est vraiment sûr que ces filles ont été enlevées ?’’ »
Une question qui revient souvent au Nigeria, qui ne surprend plus la responsable de l'ONG. « Cet enlèvement de ces jeunes filles, c'est une atrocité de plus que l'on doit assumer en vivant ici. Et la seule façon pour les gens de s'en préserver, c'est de dire que cela n'a jamais eu lieu. Parce que dans le fond, quand on commence à penser à ce que cela représente, et à force de recevoir tous les jours ce type d'information, il y a de quoi devenir folle. C'est un événement trop lourd à regarder en face », explique Ier-Jonathan Ichaver.
Loin de baisser les bras, Ier Jonathan IChaver s’est rendu au rond-point de Falomo. Depuis près de trois ans, le collectif Bring Back Our Girls s'y retrouvent pour exiger la libération des lycéennes de Chibok encore otages.