S’ils respectent la présomption d’innocence, les trois avocats qui défendent l’Etat du Sénégal dans cette affaire n’ont aucun doute. Comme l’explique maître Félix Sow, ils estiment que l’Etat a été floué : « Il faut que justice soit faite. Il n’est pas normal que des deniers publics soient dissipés. Aujourd’hui, si l’Etat se constitue partie civile, c’est que l’Etat considère qu’il a subi un préjudice. L’argument majeur, c’est toujours la victimisation. Mais pour l’Etat du Sénégal, les faits sont avérés ».
Pour les avocats qui défendent Khalifa Sall, comme Seydou Diagne, l’Etat n’est pas en mesure de se porter partie civile dans ce dossier, car les fonds évoqués sont des fonds de la mairie et uniquement de la mairie : « La constitution de partie civile de l’Etat est manifestement irrecevable. Les deniers en question sont les deniers de la ville, ce ne sont pas les deniers de l’Etat du Sénégal. Cette affaire vient simplement sur instruction du président de la République. On est encore dans la politisation de la justice ». Il en appelle même à la Constitution du pays, « qui dit qu'il y a un principe constitutionnel de libre administration des collectivités, donc de la mairie de Dakar ».
Pour les avocats de l’Etat, cet argumentaire ne tient pas la route car le conseil municipal de Dakar aurait dû dans ce cas, se porter partie civile. Et l’Etat, estime Maitre Félix Sow, est bel et bien le garant de l’utilisation des fonds publics. « L’Etat fournit des dotations aux collectivités et donc one ne peut pas, sur cette base, se contenter de dire que ces fonds proviennent es impôts. L’Etat représente la nation et donc peut tout à fait se constituer partie civile. »
Le doyen des juges doit désormais boucler son dossier, se prononcer sur la demande de mise en liberté provisoire de Khalifa Sall, renvoyer l’affaire devant un tribunal ou prononcer un non-lieu. Autant de décisions qui pourront désormais être contestées par l’Etat du Sénégal. Avec cette entrée dans le jeu de l’Etat, c’est une véritable bataille judiciaire qui va se jouer avec en parallèle, la course pour les législatives de juillet prochain.