Le Parti communiste a tenu une conférence de presse ce jeudi matin pendant laquelle ils ont confirmé avoir été informés de la décision du chef de l’Etat, lundi soir. Ils ont ajouté qu’ils s’y étaient opposés. Ils estiment que Pravin Gordhan est un ministre compétent, intègre et que les arguments présentés par le chef de l’Etat ne tiennent pas.
« Nous ne voulons pas que notre gouvernement dégénère en un Etat de gangsters où des voyous utilisent des documents douteux pour cibler des gens qui font leur travail correctement, explique Solly Mapaila, numéro 2 du Parti communiste. Pravin Gordhan a fait un travail impeccable. C'est un des ministères les mieux gérés de ce gouvernement. »
Attente d'un remaniement
Lundi, quand Pravin Gordhan a été rappelé d’urgence dans le pays, alors qu’il se trouvait en Grande-Bretagne, tout le monde s’attendait à un remaniement ministériel. Sauf que pendant la nuit de lundi à mardi, Ahmed Kathrada, héros de la lutte antiapartheid, est décédé. Tout a alors été suspendu. Depuis, le pays est dans l’attente de ce possible remaniement ministériel.
Les relations ne sont pas bonnes entre le chef de l’Etat et son ministre des Finances et la mise à l’écart de Pravin Gordhan suscite autant de controverse pour plusieurs raisons. Tout d’abord, Gordhan est vu comme un homme intègre qui essaye de lutter contre certaines dérives du gouvernement : dépense excessive, corruption… Il s’est notamment opposé à plusieurs reprises au président sur la gestion des finances publiques et notamment sur projet nucléaire du gouvernement. Les spéculations sont que Jacob Zuma voudrait s’en débarrasser pour avoir les mains libres, notamment sur le Trésor.
Réformistes contre pro-Zuma
Pravin Gordhan représente aussi une faction de l’ANC réformiste, qui cherche à nettoyer le parti et qui s’oppose à une aile pro-Zuma, accusée de corruption, de népotisme. Ces deux factions sont en pleine guerre et en fin d’année, le l’ANC doit élire son prochain président qui deviendra le prochain président du pays. Donc selon la faction qui va l’emporter, cela va être déterminant pour l’avenir du pays.
Cette déclaration publique du Parti communiste est significative. Elle montre une montée en puissance de la contestation, mais également que l’alliance historique entre l’ANC et le Parti communiste et en train de s’effondrer. Alors que va faire Jacob Zuma : va-t-il faire marche arrière face à cette contestation où va-t-il aller jusqu’au bout, au risque de diviser encore plus son parti et de provoquer une crise politique dans le pays ?
Levée de boucliers
De son côté, le parti radical de Julius Malema a déposé une requête de destitution contre le chef de l’Etat auprès de la Cour constitutionnelle. « Le Parlement continue de violer son mandat en refusant de tenir le président pour responsable, a dénoncé l'opposant. Nous espérons donc que la Cour constitutionnelle va accepter notre plainte, l’étudier et forcer le parlement à engager des mesures contre le président Zuma. »
Le principal parti d'opposition l'Alliance démocratique a également annoncé le dépôt au Parlement d'une nouvelle motion de défiance contre Jacob Zuma accusé de « menacer l'économie du pays. La dernière fois que le chef de l’Etat a tenté d’imposer un de ses proches à la tête du Trésor public, le rand – la devise nationale – s’est écroulé.