Négociations en RDC: les évêques tentent une plénière de la dernière chance

En République démocratique du Congo, c'est l'heure de vérité. La conférence épiscopale devait tenter une plénière de la dernière chance dans la soirée lundi 27 mars, malgré l’absence d’avancée notable dans la journée. L'objectif, c'est de conclure l'arrangement particulier, à savoir le partage du pouvoir permettant de mettre en œuvre l'accord du 31 décembre et une transition pacifique dans le pays. La majorité présidentielle a pris les devants en organisant une grande conférence de presse pour dire « sa vérité » sur l'état des discussions en cours.

Pour dire cette « vérité », la majorité a aligné tous ses poids lourds avec en chef d'orchestre Aubin Minaku, son secrétaire général et président de l'Assemblée nationale. Il a expliqué que face à la crise politique, le président Kabila avait déjà concédé lors du premier dialogue - celui sous l'égide de l'Union africaine - la primature à l'opposition. Et le chef de l'Etat, toujours selon Aubin Minaku, a permis un deuxième dialogue pour permettre au Rassemblement de l'opposition de participer, cette fois sous l'égide de la Conférence épiscopale nationale congolaise (Cenco).

Le vice-Premier ministre en charge de l'Intérieur, Emmanuel Ramazani Shadari, s'est lui chargé de présenter la position de la majorité sur les deux questions les plus épineuses : la désignation du Premier ministre (trois noms proposés par le Rassemblement) et la présidence du Conseil national de suivi qui ne revient pas au Rassemblement, mais à feu Etienne Tshisekedi en tant qu'individu. Mais au fil des échanges, c'est bien la personnalité de l'ancien conseiller du président, Pierre Lumbi, le successeur d'Etienne Tshisekedi à la tête du conseil des sages du Rassemblement qui devrait donc prendre la tête du Conseil national de suivi qui semble poser problème.

Les ministres de la Justice et de la Communication, Alexis Thambwe Mwamba et Lambert Mendé, ont eux estimé que les mesures de décrispation demandées avaient été largement remplies. Quant à Me Nkulu, l'un des négociateurs de la majorité, il s'est lui attaché aux aspects légaux, insistant sur le fait qu'avec ou sans accord, toutes les institutions restaient légitimes.

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La Conférence épiscopale dit de son côté avoir fait des propositions raisonnables et dénonce la mauvaise volonté de la classe politique.

Pour l'heure, pas de signature de l'arrangement particulier qui doit acter l'accord de la Saint-Sylvestre. La plénière de la dernière chance devait commencer à 20h lundi soir.

Et la médiation s'impatiente.

L'UDPS, principal parti d'opposition et parti de feu Etienne Tshisekedi, promet d'organiser dès ce mardi une conférence de presse pour dire aux militants comme au peuple congolais la suite à donner en cas d'échec des négociations.

Carbone Beni est membre du mouvement citoyen qui lutte pour l'alternance démocratique en RDC, Filimbi. Il critique pour sa part l'ensemble de la classe politique pour son entêtement et son obstination à faire traîner le dialogue : « Ça relève d’un manque total de volonté de la classe politique tout entière. D’abord majoritairement, c’est la majorité présidentielle qui a joué un rôle là-dessus parce que le chef de l’Etat actuel, qui a violé la Constitution en se maintenant au pouvoir, a tout de même le souci de rester au pouvoir aussi longtemps. Raison pour laquelle il y a cette impasse qui persiste. C’est tout un plan stratégique pour que nous n’ayons pas un processus électoral cette année. »

Carbone Beni n’épargne pas non plus le Rassemblement de l’opposition dans le blocage. « Toute la classe politique est responsable aujourd’hui et ça, ça nous énerve en tant que mouvement citoyen, mais c’est toute la population congolaise qui se retrouve bloquée par une frange de personnes qui discutent. Parce qu’il faut dire la vérité, depuis le 30 décembre jusqu’à aujourd’hui, c’est trois mois de discussions sur des arrangements particuliers qui n’ont rien à voir avec le processus électoral », explique-t-il.

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