Pour le Cran, le seul argument juridique ne tient pas. Affirmer que les biens des musées français sont inaliénables au nom de la protection du patrimoine ne suffit pas à fermer la porte aux autorités béninoises.
Louis-Georges Tin, le président du Cran, rappelle qu'il existe des mécanismes pour restituer les œuvres au cas par cas, et ce, sans contrevenir à la loi.
« Ils oublient qu’il existe en France une Commission nationale scientifique des collections, dont le but exact est d’examiner l’origine de certains objets pour une éventuelle restitution. Par conséquent, si le Quai d’Orsay voulait restituer les choses, il le pourrait. Et ils le savent évidemment, nous le leur avons dit. Donc, quand ils disent que c’est inaliénable, c’est une hypocrisie, c’est un mensonge, c’est tout à fait aliénable, d’ailleurs il y a des précédents », souligne-t-il.
Le ministère béninois de la Culture ne souhaite pas commenter la position du Quai d'Orsay, car si Jean-Marc Ayrault a fermé la porte à une restitution, le débat est loin d'être clos. La France a accueilli récemment une délégation béninoise et, selon une source proche du dossier, le président Hollande souhaite qu'une solution soit trouvée.
Parmi les pistes, il y a, outre la commission évoquée par Louis-Georges Tin, la possibilité de prêts d'œuvres à long terme. Pour Louis-Georges Tin, la France sortirait grandie de cette affaire et son image auprès des Africains ne s'en porterait que mieux.
Le député socialiste Pouria Amirshahi est signataire de la lettre adressée au président français. Selon lui, Paris doit aller au-delà du droit et trouver une troisième voie, ce que préconisent aussi les autorités béninoises.