Avec notre correspondant au Vatican, Olivier Bonnel
Ce n'est un secret pour personne, les relations entre le pape François et Joseph Kabila sont pour le moins tendues. Quand le président congolais avait été reçu au Vatican en septembre dernier, le pape n'était pas sorti saluer son hôte sur le seuil de la bibliothèque où se déroulent d'ordinaire les entretiens.
Il y a quelques jours, dans un entretien à l'hebdomadaire Die Zeit, François a expliqué qu'il ne se rendrait pas à Kinshasa, un voyage qui était pourtant à l'étude. « Il était prévu de me rendre aux deux Congo, mais avec Kabila cela ne va pas bien, je ne crois pas que je puisse y aller », a confié le pape au journal allemand, douchant ainsi les espoirs de nombreux Congolais.
La visite aurait pu se dérouler entre le mois de juillet et d'août prochain, mais aucune délégation du Vatican n'avait jusqu'ici été envoyée à Kinshasa pour préparer une visite pontificale, comme c'est la tradition.
Dans les couloirs de la secrétairerie d'Etat, le cœur de la diplomatie du Saint-Siège, on ne fait aucun commentaire, mais une chose est sûre, le pape ne veut pas donner l'impression d'appuyer un président devenu illégitime pour de nombreux Congolais, et qui devrait quitter le pouvoir après la prochaine élection présidentielle, d'ici la fin de l'année.
Pour le chercheur Thierry Vircoulon, directeur d'International Crisis Group pour l'Afrique Centrale, avec ces propos, le pape envoie pourtant un message politique très fort alors que l’accord politique de la Saint-Sylvestre, conclu in extremis grâce à la médiation de l'Eglise catholique, n'est toujours pas mis en œuvre.