Kananga avait des allures de ville morte, même pour un dimanche, il y avait peu de circulation. Les vendeurs de rue peinaient à trouver des clients : « Avec ce qui s’est passé à Kananga, l’insécurité, les gens ne font pas vraiment l’effort de circuler comme d’habitude », explique l'un d'eux qui indique d'ailleurs ne pas savoir que le vice-Premier ministre devait venir.
Et pourtant la délégation gouvernementale était bel et bien annoncée à la mi-journée à l'aéroport de Kananga mais personne n'avait de nouvelles en début d'après-midi. Les « mototaxis » se sont remis à circuler : « En tout cas, l’activité est bloquée à cause des affrontements qui se font si souvent dans notre province, explique un chauffeur. Ça s’est fait aussi aujourd’hui, souvent au niveau de l’aéroport. Il y a eu des affrontements ce matin. Alors on n’a pas travaillé comme d’habitude. »
Sur la route de l'aéroport, on expliquait ces troubles par l'annonce de la visite : « Ces troubles, c’est à cause de cette délégation. Qu’ils restent chez eux. Nous, nous vivons ici seuls. » La délégation est finalement arrivée à la tombée de la nuit, sans encombre.
Ordre et dialogue
Cette délégation est dirigée par le vice-Premier ministre en charge de l'Intérieur, accompagné par le ministre des Affaires coutumières. Il y a également des députés de la majorité comme de l'opposition originaires de cette province : Delly Sesanga de l'Envol, et Martin Kabuya de l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS).
Que va-t-elle faire dans le Kasaï ? Pour le vice-Premier ministre chargé de l'Intérieur, il s'agit d'abord d'une mission de rétablissement de l'ordre public, mais cela passe avant tout, dit-il, par le dialogue. « La force est toujours la force politique, a assuré au micro de RFI Emmanuel Ramazani Shadary. La force qui consiste à négocier, à discuter, à écouter les uns les autres. Et après on va finir par rencontrer les convergences et les divergences vont sauter. A ce moment-là, on va trouver une solution. Il y aura la paix mais parce que le chef de l’Etat insiste pour que la paix règne dans cette partie d’Etat national. »
Le député d'opposition, Delly Sesanga, originaire de la province se voulait optimiste : « Je pense qu’il reste encore possible de ramener tout le monde autour de la table et d’avoir une solution apaisée. Et surtout permettre à cette province, qui est l'une des [plus] grandes de la République d’aller aux élections. On devrait commencer l’enrôlement. Ici au Kasaï, dans les circonstances actuelles, cela est impossible. »
Et parmi les mesures attendues pour tenter de ramener la paix, il y a l'annonce officielle du remplacement du gouverneur de la province, rappelé à Kinshasa depuis plusieurs semaines, une nouvelle libération de prisonniers ou encore la restitution du corps du chef Kamuina Nsapu tué en août 2016 par des militaires.