C'est à l'aube lundi 20 février que les habitants de Zouara, à 45 km de Tripoli, ont découvert 74 corps de migrants ramenés vers les côtes libyennes. Il s'agit d'adultes venant pour la plupart d'Afrique subsaharienne. Trois femmes figurent parmi les victimes.
Joël Millman, porte-parole de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), citant un employé local, a rapporté que « les passeurs étaient revenus et avaient enlevé le moteur, laissant l'embarcation dériver ». Un naufrage de plus pour ces migrants africains qui tentent d'atteindre l'Europe, parfois au prix de leur vie.
Bateau gonflable
Les passeurs, souvent des miliciens, profitent du chaos libyen, pour accroitre leur trafic. Les bateaux pneumatiques de grande taille sont devenus le moyen privilégié par les trafiquants, car ils sont moins coûteux et plus faciles à mettre en route. Mais ces bateaux ne contiennent aucun outil de sécurité, ce qui met les passagers en grand danger.
Le Croissant-Rouge libyen et les gardes-côtes se sont souvent plaints du manque de moyens qui ne leur permet pas de lutter convenablement contre ce phénomène. Ils annoncent avoir sauvé en mer 238 personnes près de deux villes : Zaouya et Zouara. Ils ont également arrêté hier 185 autres personnes qui s'apprêtaient à embarquer.
Des milices en garde-côtes
Six ans après la chute de Mouammar Kadhafi, la Libye est toujours plongée dans le chaos et le pays est devenu un carrefour de l'immigration clandestine vers l'Europe.
Les passeurs de migrants clandestins profitent du chaos et organisent des départs, généralement depuis l'ouest du pays, à destination de l'Italie qui ne se trouve qu'à 300 kilomètres.
En l'absence d'une armée ou d'une police régulières, plusieurs milices font office de garde-côtes tout en étant souvent accusées de complicité voire d'implication dans ce trafic lucratif.
Arrestation de 1 668 personnes parmi les migrants illégaux
Les autorités libyennes annoncent avoir arrêté 1 668 personnes parmi les migrants illégaux qui essayaient d'atteindre l’Europe en moins d'un mois. Ils affirment que le phénomène est en net augmentation et que le nombre de passeurs l’est en aussi. Ayoub Kassem, le porte-parole des gardes côtes libyennes assure que les corps des migrants morts qui reviennent vers les côtes de l'est de la Libye ne constituent que 20% de ceux qui ont fait naufrage.
« En début de cette année, nous constatons que 2017 sera également une année difficile concernant la lutte contre la migration illégale, explique-t-il. Depuis fin janvier et jusqu’à aujourd’hui, en moins d'un mois et avec nos moyens limités, nous avons effectué 1 168 arrestations de migrants en mer. La migration illégale prend des tournures très dangereuses, des familles entières prennent la mer…. Nous avons confisqué récemment un très grand bateau pneumatique utilisé pour la première fois. Sa base est faite de bois. Il est dépourvu de tout équipement de sécurité et à son bord il y avait 185 migrants. N’importe quelle vague, n’importe quel trouble en mer, ou un mouvement non calculé des passants pourrait renversé ce bateau. S’il est utilisé à nouveau et d’une façon systématique, je crains que le nombre des morts soit en augmentation. Déjà nous considérons que le nombre de morts en mer aujourd'hui est très élevé. Il le sera plus, j'en suis sûr. »