Le marché de Serrekunda est le paradis du commerce de mobiles. A peine arrivé, neuf ou d'occasion, ceux proposés par Malick sont vendus. Le départ de Jammeh a complètement relancé son affaire : « Maintenant, tout le monde est libre, c'est pourquoi le business se porte très bien. Vous pouvez utiliser internet sans VPN et ça, c'est très bon pour le business ».
Durant l'ère Jammeh, il fallait en effet un VPN, un logiciel, souvent payant, qui permet de faire sauter les interdictions. Dans la boutique d'à côté, Lamine est néanmoins furieux, car si l'internet est plus libre, le courant se fait rare : « En ce moment, il n'y a pas d'électricité. Et sans lumière, pas d'argent. Surtout pour moi, car mon boulot c'est de télécharger et ça marche avec l'électricité. Quand tu appelles au développement, la première chose à gérer c'est la lumière ».
Electricité ou non, Aliou bave devant le dernier modèle de smartphone. Prêt à lâcher la moitié de son salaire pour s'offrir une part de liberté : « C'est une part de moi, c'est très important dans la vie. Désormais, j'utilise internet, Whatsapp, Viber pour communiquer avec mes amis partout dans le monde, aux Etats-Unis, en Europe. Donc pour moi, c'est vraiment important ».
L'ouverture d'internet, véritable vecteur de développement, n'est néanmoins pas complète. Le problème n'est pas seulement gambien, mais ouest-africain et il passe par une véritable baisse des prix de communications.
Dans cette petite histoire de la liberté d'expression numérique, les grands gagnants ce sont les opérateurs.