Assassinat de Chokri Belaïd: quatre ans après, la procédure judiciaire critiquée

En Tunisie, on commémorait lundi 6 février le quatrième anniversaire de la mort de l'opposant politique Chokri Belaïd, en présence du président Essebsi. L'assassinat de cet avocat anti-islamiste, leader de la gauche tunisienne, avait déstabilisé le pays, alors en pleine transition politique deux ans après la révolution de 2011. Le meurtre avait été revendiqué par des combattants affiliés plus tard à l'organisation Etat islamique. Mais aujourd'hui, le procès est constamment reporté. Et les avocats des proches de Chokri Belaïd accusent le parti islamiste Ennahda d'avoir laissé faire, voire commandité le crime, et le juge d'instruction d'avoir entravé l'enquête.

Pour l'avocat Ali Kalthoum, qui porte la moustache comme Chokri Belaïd, cela ne fait aucun doute : « C’est un crime d’Etat », lance-t-il.

Depuis le départ, la partie civile accuse les islamistes d'Ennahda, et notamment le ministre de l'Intérieur de l'époque, d'avoir, au minimum, laissé ce meurtre se dérouler, et ensuite influencé le juge d'instruction chargé de l'affaire. « Ce juge, en fait, était chargé par Ennahda d'essayer justement de ne pas instruire à charge et à décharge. Il instruisait à décharge », affirme-t-il.

Il cite, entre autres, des pièces qui manquent au dossier, ou encore la fuite inexpliquée d'un suspect clé alors que sa maison était encerclée par la police.

Le procès a failli avoir lieu, mais pour ces raisons, Ali Kalthoum et ses collègues demandent systématiquement le report des audiences, depuis des mois. « La cour d’assises est acculée à reculer l’affaire jusqu’à ce que nous le décidions. Parce que l’instruction n’a pas encore assouvi notre soif », justifie-t-il.

Le parti islamiste Ennahda, lui, avait condamné publiquement l'assassinat à l’époque, et il a toujours démenti toute responsabilité dans le meurtre.

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