A coups de masses, les ouvriers s’activent encore pour abattre les derniers murs du lotissement. Meubles, vaisselle, et couvertures s'empilent à côté. C’est tout ce que les habitants ont pu sauver. Cet homme raconte : « Des bulldozers sont arrivés et ont démoli les maisons. Il y avait la police mais les gens ne se sont pas laissés faire et il y a eu des blessés. Nous habitons là depuis plus de 40 ans ! Il y a des enfants des femmes ! »
Ces gens habitent à Soanierana depuis de nombreuses années. Tant pis pour eux. Lorsque l’huissier, escorté par les forces de police, est arrivé lundi sur place, des échauffourées ont éclaté. Un litige foncier parmi tant d’autres sur la Grande île, où les particuliers vivent ou exploitent des terres depuis plusieurs générations sans posséder de titre foncier qui n’existaient pas avant. Aujourd’hui, alors que l’Etat ou des sociétés récupèrent ces terres, les populations se retrouvent souvent coincées.
Une loi prévoit pourtant qu’au-delà d’une longue période d’occupation, la population peut devenir propriétaire d’un terrain. « Lorsqu’on s’est installé en 1972, le terrain appartenait à l’Etat. Et quand on a essayé d’obtenir un titre foncier récemment, on s’est rendu compte qu’entre temps quelqu’un avait acheté la parcelle. »
Zo Randriamaro, coordinatrice d’une association de défense des droits humains explique que ces cas d’expulsions se multiplient pour permettre à des investisseurs de s’installer. « On n'a pas entendu parler d'indemnisations ou de mesures d'accompagnement pour ces gens qui sont expulsés, donc il faut qu'il y ait un juste équilibre entre le respect des droits de ce propriétaire et de ces gens qui vont être expulsés. »
Elle souhaite lancer le débat. Et demande une réforme pour clarifier les contradictions de la loi.