Nigeria: Amnesty International dénonce l'exécution de trois prisonniers

Amnesty International a dénoncé vendredi 30 décembre l'exécution de trois condamnés à mort dans l'Etat d'Edo, dans le sud du Nigeria. Selon l’ONG de défense des droits de l'homme, il y aurait plus de 1 600 condamnés à mort dans les prisons du pays d’Afrique de l’Ouest.

« Nous condamnons fermement les exécutions qui ont été faites au Nigeria », a lancé Seydi Gassama responsable d'Amnesty International en Afrique de l'Ouest, précisant que « ses exécutions rompent avec un moratoire que nous avons observé dans la plupart des pays d’Afrique de l’Ouest ».

Les trois condamnés à mort avaient été arrêtés il y a plus de vingt ans pour braquage à main armée, pendant la dictature militaire, alors que le système judiciaire n'était pas indépendant et qu'il n'y avait aucun droit d'appel. Ils ont été exécutés par pendaison.

« Nous appelons l’Etat du Nigeria a arrêté les exécutions, à opérer a un moratoire, et surtout à engager des discussions au sein de la société nigériane sur l’abolition de la peine de mort », argue l’expert de l’ONG de défense de droits de l’homme.

2014, une année record

Plus de 1 600 condamnés à mort sont toujours incarcérés au Nigeria selon Amnesty International. En 2014, le pays avait prononcé un record de 659 condamnations à la peine capitale, dont 70 soldats qui avaient été jugés par la Cour martiale pour mutinerie.

Le débat sur l'application de la peine de mort, qui a un fort soutien de la population, est régulièrement relancé, notamment dans les Etats du sud du pays où les kidnappings sont fréquents, ou, plus récemment, pour les auteurs de scandales de corruption. Dans le Nord, 12 Etats musulmans imposent la loi islamique de la Charia depuis 2000 et veulent conserver cette peine pour les crimes dénoncés dans le Coran (notamment viols et adultères).

« Gracier ces personnes »

« Nous appelons l’Etat du Nigeria à gracier ces personnes et de leur offrir une opportunité de redémarrer dans la vie. On ne peut pas garder les gens 20 ans en prison et les exécuter. Au bout de 20 ans, une personne a eu très certainement l’occasion de se repentir, de s’amender et de pouvoir revenir dans la société », ajoute l’expert d’Amnesty International.

Faut-il envoyer un message de fermeté de la part des autorités ? « Certainement », rétorque Seydi Gassama avant de nuancer : « Ce type de message n’a jamais produit les effets escomptés nulle part dans le monde. Par conséquent, il faut que les dirigeants s’attaquent aux causes profondes de la criminalité dans leurs Etats. C’est très souvent la pauvreté qui est la conséquence de la grande corruption dans le cas du Nigeria. »

►A (RE)LIRE : La peine de mort au Nigeria indépendant

Partager :