L'information va mettre fin à la polémique : le chef de l'Etat Patrice Talon a enfin déclaré son patrimoine. C'était le 7 novembre dernier, selon le rapport de l'Autorité nationale de lutte contre la corruption, soit sept mois après son investiture.
Cette déclaration est une obligation constitutionnelle et elle est confidentielle. Les Béninois ne sauront donc pas ce que possède leur président. En 2015, lorsqu'il était encore homme d'affaires, le magazine Forbes l'avait classé parmi les Africains francophones les plus riches.
Les députés mauvais élèves
Le rapport, qui donne tous les noms et les dates, nous apprend aussi que trois ministres se sont mis à jour. Ils sont désormais 15 sur 21 à avoir déclaré leur patrimoine comme l'exige la loi de 2011 à l'entrée et à la sortie de fonction, afin de lutter contre l'enrichissement personnel.
Les mauvais élèves, ce sont les députés : seuls 8 sur 83 se sont conformés à cette disposition légale. Le président de l'Assemblée nationale a fait la déclaration, mais sans déposer les pièces justificatives. Vont-ils corriger le tir ? La Cour constitutionnelle, saisie par un juriste, les a exhortés à le faire immédiatement en leur rappelant qu'ils violaient la loi contre la corruption qu'ils ont eux-mêmes votée.
L'opinion publique exige plus de transparence
« Il faudrait qu’eux-mêmes donnent le bon exemple : c’est une obligation, ils l’ont mis dans la loi ! Autrement on peut supposer qu’il y a des raisons cachées, explique Agapit Maforikan, rapporteur de l'Autorité Nationale de Lutte contre la Corruption. Si la finalité est de lutter contre l’enrichissement illicite, ça veut dire qu’il y a des présomptions fortes qu’ils veulent s’enrichir illicitement ! »
Le problème, c'est que les sanctions, des amendes, ne sont jamais appliquées. Pourtant l'idée de moralisation de la vie publique fait son chemin, selon Agapit Maforikan. « Il y a une exigence des citoyens aujourd’hui… Cela se voit aux réactions que suscite le rapport. L’opinion publique peut interpeler les gens qui ne l’ont pas fait. Il y a cinq ans, ce débat n’aurait pas eu lieu, c’est déjà une avancée ! »
L'ANLC appelle de ses voeux la création d'une Cour des comptes car pour l'instant, c'est la Cour suprême qui reçoit les déclarations.