Dans un contexte de recrudescence des violences et de retrait des troupes françaises de Sangaris, les Banguissois ne voient plus les casques bleus comme des sauveurs. C’est le cas d’Alain, un musicien : « J’ai eu une attaque, j’ai essayé de courir vers la Minusca. Eux, ils m’ont chassé. Moi j’ai signé pour leur départ ».
Les organisateurs de la journée ville morte avaient en effet lancé une pétition quelques jours plus tôt. Bien qu’attisé par des hommes politiques, le sentiment anti-Minusca est bien réel à Bangui. Comme l’exprime Atilas, un commerçant : « La Minusca, en fait, on ne voit pas le concret de leur travail. Donc nous sommes déçus de la Minusca, parce que la Minusca est là, on tue les gens, la Minusca ne réagit pas. Donc là, on n’a plus confiance dans la Minusca ».
Pour autant, la défiance qui vise certains contingents de casques bleus ne signifie pas que les Centrafricains souhaitent voir la Minusca quitter le pays. Bachir même le redoute : « L’ONU est venu pour nous appuyer, pour nous aider. Et dès qu’ils partent, qu’allons-nous faire ? On s’entretue ? »
Interpellé au Parlement sur la lenteur de réaction et la passivité des casques bleus dans certaines situations comme Kaga-Bandoro, le numéro 2 des Nations unies, Jan Eliasson, lors de sa visite à Bangui, avait répondu : « Nous avons tiré les leçons et promis que la lumière serait faite ».