Aujourd’hui, dans le quartier d’Antohomadinika, c’est ce qu’on appelle une journée zéro, « Fako », une journée sans ordures. C’est Lamine Sarr, de l’ONG ATD Quart Monde, qui dirige les opérations. « Là on est en train de déboucher tous les caniveaux. Vous voyez, là, ce sont des défécations à l’air libre. Si on ne débouche pas les caniveaux, dès qu’il pleuvra, ça va inonder les quartiers, et rentrer dans les maisons. Ça donne beaucoup de maladies ! », explique-t-il.
Madame Aimée fait partie de la quarantaine de personnes à s’être portées volontaires. Juchée sur un îlot d’immondices, elle racle le fond du canal avec sa fourche : « Notre quartier est vraiment dans un sale état. Y a des ordures et des déjections partout, ça pue … Des gens sont venus d’autres quartiers pour nous aider à nettoyer. Alors, je ne pouvais ne pas venir ! »
Des journées comme celles-là sont récurrentes. Pourtant, le jour d’après, tout ou presque est à refaire. Lamine Sarr le sait, le problème est ailleurs : constructions anarchiques, toilettes publiques fermées dès la tombée de la nuit, une seule benne à ordures pour un quartier qui compte plus de 60 000 personnes. Et un manque d’éducation à l’hygiène criant.
Pourtant, le 15 novembre prochain marquera le début de l’opération « Sakalina », littéralement « travail contre nourriture ». Les fonds pour financer cette action manquent encore. Mais récompense ou pas, Madame Aimée assure que le 15, elle sera à nouveau là pour nettoyer.