Avec notre envoyée spéciale à bord de l'Aquarius, Juliette Gheerbrant
L’Aquarius est entré en action à 5h30, il faisait encore nuit, les deux canots de sauvetage du navire filaient vers un bateau de bois turquoise sur l’eau noire. Et comment ne pas penser à Lampedusa en voyant cette embarcation d’une trentaine de mètres surchargée osciller sur la houle pendant que les sauveteurs distribuent les gilets de sauvetage en exhortant les gens à rester calmes.
Une personne a sauté à l’eau, mais elle a tout de suite attrapé une bouée et dans l’ensemble tout s’est bien passé. Il a fallu près de sept heures pour que tous les migrants soient ramenés à bord de l’Aquarius. Ils sont plus de 720, dont 200 mineurs isolés. C’est un chiffre très élevé et presque tous viennent d’Erythrée.
C’est le plus grand sauvetage que SOS Méditerranée ait jamais réalisé et sur le bateau il n’y a plus un espace de libre. Les hommes campent sur les ponts, les femmes et les enfants sont accueillis dans une grande salle à l’intérieur.
Au large de Tripoli, il y a eu douze opérations de sauvetage ce lundi, selon les garde-côtes italiens. Le bilan élevé de cette journée n’est pas une surprise, les passeurs attendaient depuis une semaine que les conditions météo s’améliorent, mais les embarcations semblent de plus en plus surchargées. Un jeune Erythréen raconte « en Libye, nous ne sommes plus des êtres humains. Nous ne sommes juste une marchandise aux mains des passeurs ».
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