Plus de 100 000 personnes isolées, encerclées, empêchées de quitter la ville sans risquer d'être blessée ou violée pour les femmes. Les soldats du gouvernement filtrent tous les déplacements, bloquent les sorties de Yei. Parmi les habitants, environ 40 000 sont des déplacés. Des habitants de villages alentour qui ont dû fuir leur maison ces dernières semaines à cause des violences et des pillages dans la région.
C'est la première fois depuis le début de la guerre il y a presque trois ans que le conflit atteint cette zone du sud. Jusqu'à présent, la région était plutôt épargnée mais désormais les troupes gouvernementales y traquent tous ceux qu'elles considèrent comme des soutiens de l'opposition.
Beaucoup ont été mutilés, de très nombreuses femmes ont été violées et aujourd'hui ces déplacés ne reçoivent pas de soins. Les deux hôpitaux de la ville de Yei n'ont presque plus de ressources. La plupart vivent dans des maisons abandonnées ou dans les cours des églises, sous la menace donc des soldats du gouvernement sud-soudanais.
« Un désastre pour la sécurité alimentaire »
Rocco Nuri, le porte-parole du HCR au Soudan du Sud, vient de passer deux jours à Yei. Une ville stratégique pour les autorités : « C'est l'une des principales routes entre Juba et l'Ouganda. Le conflit est en train de changer. Les civils de la région de l'Equateur oriental avaient été largement épargnés par le conflit jusqu'en juillet dernier mais ils sont très affectés aujourd'hui. C'est nouveau. »
En plus d'être un axe commercial très important, la région est aussi le grenier du Soudan du Sud. Les violences des dernières semaines et le blocus imposé aux déplacés installés à Yei risquent d'avoir des conséquences dramatiques à long terme : « La deuxième saison de plantation commence ces jours-ci, elle se déroule en octobre. Si les civils ne sont pas autorités à se rendre dans leurs fermes, ce sera un désastre pour la sécurité alimentaire. »
Une situation alimentaire très difficile aujourd'hui dans la ville de Yei. Les habitants manquent de nourriture et sont obligés de manger des feuilles ou les aliments sauvages qu'ils trouvent sur place.