Aujourd'hui, on estime la population malgache entre 23 et 25 millions d'habitants. Si ce nombre est si peu précis, c'est parce que le dernier recensement remonte à quasiment un quart de siècle.
Pour Ida Rajaonera, le Directeur général de l'Instat, l'Institut national des statistiques, en charge de ce projet pilote, Madagascar souffre de cette imprécision. « Dans les réunions internationales, dit-il, on est toujours à la traine parce qu'on ne sait pas combien on est. Tout est histoire de calculs en fonction du nombre d'habitants, que ce soit pour la répartition des aides internationales ou pour connaitre le taux de personnes atteintes par le paludisme. Si le chiffre de base est biaisé, toutes les statistiques sont fausses ! »
Aussi, l'Instat vient de démarrer une expérimentation à grande échelle, dans cinq zones : urbaines, rurales, et difficiles d'accès. L'une des étapes les plus importantes, d'après le directeur de l'Institut, c'est la sensibilisation auprès du public recensé. « On doit se présenter, mettre en confiance la population, avant de dérouler notre questionnaire. Sans quoi, ils ont peur et ne nous répondent pas. C'est très psychologique » ajoute-t-il.
« Combien de personnes vivent dans votre foyer ? Quel est votre métier principal ? » Au total, une quarantaine de questions seront posées. Des observations directes, comme l'état des maisons, par exemple, seront aussi faites par les enquêteurs sur place. La religion, la couleur de peau ou l'ethnie ne sont pas des thèmes abordés.
S'assurer de la bonne formulation des questions, de la bonne collecte des données sur tablettes, de la facilité ou non d'accès à la population : autant d'éléments qui seront soigneusement observés durant cette phase test cruciale, avant le recensement national en août 2017, où tous les Malgaches, y compris les personnes sans état civil, devront être interrogés.