Présidentielle, législatives et provinciales couplées, c’est le compromis qui a été trouvé. Ce sera à la commission électorale d’examiner si techniquement et financièrement, il serait possible d'organiser les élections locales en même temps que les trois autres.
La présidentielle d’abord, c’est ce que voulait la délégation de l’opposition. Elle ne seront organisées avec les trois autres que si financièrement et techniquement c'est possible.
L'opposition retourne donc ce jeudi 15 septembre à la table des négociations. La majorité dit avoir accepté « dans l’intérêt supérieur de la nation ». Mais aucune date n'est fixée pour ce premier cycle électoral. « Il faut attendre que le fichier soit terminé », affirme le ministre de la Justice, co-modérateur pour la majorité.
Refonte totale du fichier électoral
Alexis Thambwe insiste sur le fait que toutes les composantes étaient d’accord sur le fait qu’il fallait une refonte totale du fichier. Le co-modérateur de l’opposition, Vital Kamerhe, a ajouté que la commission électorale allait faire une proposition, mais que le calendrier était à convenir.
L'après 19 décembre et la fin du deuxième et dernier mandat constitutionnel du président congolais ont également été évoqués à la conférence ce mercredi soir. « La majorité est pour le respect strict de la Constitution. Joseph Kabila restera au pouvoir et il y aura un nouveau gouvernement avec la majorité et l’opposition », a déclaré le ministre Thambwe. Son co-modérateur Vital Kamerhe a confirmé qu’il y aurait un nouveau gouvernement, sans se prononcer sur le sort du président Kabila.
Lucha, trouble-fête ?
Toujours est-il que dans l'état actuel des choses, les délais constitutionnels seront bel et bien violés et les élections seront au mieux organisées dans plus d'une année, selon la Céni et les experts étrangers. Le mouvement citoyen la Lucha refuse cet état de fait et interpelle tous les délégués du dialogue et la communauté internationale. Le scrutin doit être convoqué au plus tard le 19 septembre, soit 90 jours avant la fin du mandat du président.
Deuxième étape, pour tenir ces délais très serrés dans un pays gigantesque où plus de 8 millions de nouveaux majeurs n'ont pas encore de carte d'électeur, la Lucha rappelle qu'il y a une option écartée par tous les participants, c'est d'enrôler les électeurs juste avant le vote comme cela s'est fait au Nigeria ou en Afrique du Sud. Le jour du scrutin, les électeurs pourraient à la fois s'inscrire et glisser leur bulletin dans l'urne.
Une option qui serait toujours sur la table, selon les experts consultés par la Lucha et les autres organisations de la société civile derrière cette proposition. « Nous avons consulté des experts nationaux et étrangers et c’est possible », a dit l’une des militantes.
Principal obstacle : réussir à financer et acheminer suffisamment de kits électoraux en temps et en heure, 60 000 au lieu des 20 000 prévus pour le moment. C'est pour ça que la Lucha appelle la communauté internationale à soutenir matériellement et financièrement cette proposition.
D'autres partis sont sur la même ligne. L'UDPS, par exemple, premier parti d'opposition, estime que s'il est possible de vacciner 80% de la population en dix jours, il doit bien être possible d'enrôler et de faire voter tout le corps électoral en très peu de temps.
Dans le cas contraire, la Lucha appelle le peuple à se prendre en charge, sans violence et à ceux qui veulent « rester au côté du peuple à démissionner à la fin du mandat du président Kabila le 19 décembre ».
L’opposant Vital Kamerhe a répondu en disant que cette proposition n’avait pas été retenue, y compris par les experts de l’ONU et et de l’OIF, car elle violait la loi électorale et que le fichier ne serait pas suffisamment bon. Le co-modérateur du dialogue pour l’opposition a toutefois invité la Lucha à venir la proposer ce jeudi lors de la reprise du dialogue.