Mohamed Hamdan Dagalo, dit « Hemeti », n'est pas un inconnu au Soudan. Pendant la guerre au Darfour, il était l'un des chefs des Janjawids, ces troupes supplétives du gouvernement qui ravageaient les villages en traquant la rébellion.
Désormais, « Hemeti » est à la tête de la « Force d'action rapide », qui patrouille le long des frontières avec la Libye et l'Egypte. C'est elle qui procède à des rafles de centaines d'Erythréens, d'Ethiopiens et de Soudanais qui cherchent à gagner les rivages de la Méditerranée pour s'embarquer vers l'Europe.
Mais voilà : un accord signé cette année avec l'Union européenne stipule que Bruxelles soutient les efforts du Soudan pour lutter contre l'immigration clandestine, en formant notamment ses garde-frontières. Du reste, « Hemeti » aimerait bien obtenir la reconnaissance de Bruxelles : face à la presse, la semaine dernière, il a répété que l'UE devrait le remercier pour ses sacrifices.
Mais mardi soir, la délégation européenne à Khartoum a fait savoir qu'elle ne soutenait en aucun cas la Force d'action rapide. Elle a répété que l'aide au Soudan ne passait pas par le gouvernement, mais par des organisations internationales ou des ONG.
Selon un observateur bien informé, le Soudan, encore isolé diplomatiquement, chercherait surtout à tester les limites de l'UE en jouant sur ses divisions, mais aussi notamment à montrer que Khartoum détient la clé de cette importante route migratoire.