On ne sait toujours pas ce qui a provoqué l'incendie de la prison de Kilinto, samedi matin. Du côté des autorités, après deux jours de silence, le gouvernement éthiopien a affirmé que 21 détenus étaient morts par suffocation ou dans la bousculade et que deux autres avaient été tués alors qu'ils tentaient de s'échapper.
Du côté des ONG, on s'alarme. Amnesty International s'inquiète de la brutalité avec laquelle les familles des détenus qui cherchent des nouvelles, sont repoussées loin de la prison.
« Jusqu'à maintenant, aucune information concrète n'a été donnée par les autorités pénitentiaires sur la situation des personnes détenues dans le centre de détention de Kilinto », a déclaré, à RFI, Fisseha Tekla, chercheur pour Amnesty International sur l'Afrique de l'Est avant d’ajouter que la mère du prisonnier politique Yonathan Tesfaye s'est rendue, lundi matin, à la prison pour demander des nouvelles de son fils et qu’elle « a été brutalisée ». Il précise également que les gardiens lui ont dit que les familles devaient attendre jusqu'à vendredi pour obtenir des nouvelles.
« Selon nos informations, après l'incendie, certains détenus ont été transférés vers d'autres prisons de la région. Les familles doivent être informées sur le lieu de détention et l'état de santé de leurs parents. De plus, la manière dont l'administration pénitentiaire répond aux demandes des familles nous inquiète sérieusement. Les gens ont le droit de savoir où se trouvent leurs frères et soeurs ou leurs enfants », a tenu encore à souligner Fisseha Tekla.
Le mensuel éthiopien Addis Standard a, pour sa part, publié un témoignage rare sur l'incident, à savoir celui d'un membre civil de l'administration pénitentiaire présent à Kilinto.
Selon lui, le feu se serait déclaré à 8h10 dans l'aile sud. Les gardiens auraient ouvert le feu sur les prisonniers qui cherchaient à approcher l'incendie, lequel aurait duré au moins deux heures. Cinq d'entre eux seraient alors tombés sous les balles et, en tout, dix-huit corps auraient été transportés dans les morgues de la région.
C'est désormais la police fédérale éthiopienne qui maintient un cordon strict autour de la prison, située dans une lointaine banlieue sud de la capitale, Addis-Abeba.
On ne sait toujours pas si des prisonniers politiques font partie des victimes.