Dans l'après-midi, la fumée avait déjà disparu. Mais les policiers étaient encore massivement groupés, bloquant l'accès à la prison. Kilinto est parfois surnommé le « Auschwitz éthiopien », en référence au camp de concentration nazi. Dans ce centre pénitentiaire de haute sécurité de la capitale, les détenus sont en majorité des opposants politiques, des activistes ou des journalistes.
Depuis la proclamation de la loi antiterroriste en 2009, les forces de sécurité peuvent jeter en prison des individus avant même qu'ils ne soient jugés. La plupart sont incarcérés à Kilinto.
C'est le cas de Bekele Gerba, vice-président du Parti fédéraliste oromo, arrêté en décembre dernier, au début des manifestations populaires de l'ethnie majoritaire, qui continuent de secouer le pays. C'est le cas aussi de Yonathan Tesfaye, porte-parole du Parti bleu, également d'opposition, arrêté à la même période.
Les opposants et activistes n'ont pas tardé sur les réseaux sociaux à accuser le gouvernement d'être à l'origine de l'incendie et de mettre délibérément en danger la vie de ces détenus. De son côté, Gizachew Mengiste, le porte-parole de l'administration pénitentiaire s'est contenté de déclarer qu'une enquête était en cours.