Convoqué jeudi dernier par les Hawks, l’unité spéciale de la police chargée de combattre la corruption et le crime organisé, Pravin Gordhan, est soupçonné d'avoir mis sur pied une cellule secrète, chargée d'enquêter sur plusieurs personnalités, alors qu'il était chef des services fiscaux en 2007. Le ministre a refusé de se présenter devant la police, mais l'annonce de sa convocation a fait plonger le cours de la devise nationale et provoqué un tollé dans le pays.
Selon la presse dominicale, le parquet sud-africain pourrait formellement inculper Pravin Gordhan de corruption, fraude et espionnage illégal dans les prochains jours. L'autorité des poursuites judiciaires aurait déjà réuni 30 témoins à charge dans cette affaire, dont un ancien associé du neveu de Jacob Zuma, poursuivi pour fraude fiscale.
Une affaire retentissante
L'inquiétude est vive en Afrique du Sud, d'autant que beaucoup voient la main de l'exécutif derrière cette convocation. Pravin Gordhan aurait en effet confié à son personnel être « pris pour cible » pour avoir voulu enquêter sur les affaires de la riche famille indienne Gupta, proche de Jacob Zuma.
Soupçonnés d'avoir la main sur l'appareil d'Etat, les Gupta ont justement fait savoir ce week-end qu'ils allaient vendre leurs actions et liquider leurs intérêts en Afrique du Sud. Mais le timing de cette annonce déplaît à l'opposition : l'Alliance Démocratique (Démocratique Alliance) a ainsi comparé la famille Gupta à des « rats quittant le navire. »
La DA promet que les différentes enquêtes pour corruption et conflits d'intérêt visant la famille, seront menées à bien. En attendant, de nouvelles voix s'élèvent en faveur de Pravin Gordhan. Le Parti communiste sud-africain a notamment dénoncé à son tour « un complot politique » contre lui.