Mauritanie: début du procès de militants anti-esclavage accusés de «rébellion»

En Mauritanie, le procès de 23 personnes a débuté mercredi devant la Cour criminelle de Nouakchott. Le 29 juin, des affrontements avaient eu lieu entre police et manifestants à l'occasion du déguerpissement de populations installées sur un terrain privé. Parmi elles, 13 membres de l'ONG anti-esclavage IRA, arrêtés après les faits mais accusés d'être à l'origine des heurts. Ils sont poursuivis pour plusieurs chefs dont « rébellion », « attroupement armé » et « agression envers la force publique ». Mais lors de cette première journée, le fond du dossier n'a pas été abordé.

Dès l'ouverture, la trentaine d'avocats d'IRA Mauritanie a soulevé plusieurs exceptions de procédure, qui ont fait l'objet de débats durant toute l'audience avec l'accusation, mais aussi avec les avocats de la partie civile, c'est-à-dire des policiers blessés mais aussi le ministère de l'Intérieur.

Pour les défenseurs d'IRA, trois points sont contestables : la procédure de flagrant délit, puisque selon eux, aucun militant n'a participé à la manifestation et que tous ont été arrêtés après les faits.

Un ministère de l'Intérieur à la fois « juge et partie » : puisque c'est de ce ministère, qui s'est constitué partie civile, que dépendent les agents qui ont mené la procédure d'après la défense. Enfin, les avocats d'IRA ont demandé le rejet de tous les actes obtenus, selon eux, sous la torture.

« Les officiers de police judiciaire sont placés sous l'autorité du procureur, il n'y a donc pas de conflit d'intérêt si le ministère se constitue partie civile » rétorque de son côté Me Ould Dick.

L'avocat des parties civiles affirme aussi que la flagrance est recevable, puisque les textes prévoient qu'elle puisse s'appliquer lorsque, « dans un temps voisin de l'action », le suspect est trouvé en possession d'indices liés à l'infraction.

C'est la définition de ce « temps voisin » qui devrait continuer à faire débat lors de la prochaine audience, prévue lundi prochain.

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