Le président Salva Kiir et ses partisans sont vent debout contre la « force régionale de protection » voulue par l'Union africaine. Son porte-parole, le ministre de l'Information, Michael Makuei Lueth, est catégorique à ce sujet. « Le gouvernement du Soudan du Sud n'est pas prêt à recevoir ne serait-ce qu'un seul soldat supplémentaire, en dehors des effectifs actuels de la Minuss, qui sont actuellement de 12 500. La Minuss n'a pas été débordée par les événements récents, ce qui motiverait un accroissement des forces et une intervention. Toute intervention sans le consentement du gouvernement serait considérée comme une invasion », a-t-il averti.
Du côté de son vice-président et adversaire Rieck Machar, en revanche, une telle force serait la bienvenue. Pour James Gatdet Dak, son porte-parole, elle est aussi dans l'intérêt du président Salva Kiir. « Je ne comprends pas pourquoi il refuse. Voilà quelqu'un qui a dit qu'il ne savait pas qui se battait au palais présidentiel le 8 juillet, quand il y a eu des affrontements. Et puisqu'il n'était pas en mesure de savoir qui combattait qui, et qu'il ne pouvait pas contrôler ses propres forces, alors c'est une bonne idée de faire intervenir une force indépendante pour protéger les dirigeants, lui-même inclus. Il n'y a donc aucune raison pour lui de la refuser », affirme-t-il.
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Ce sont donc ces positions très antagonistes qui vont devoir faire l'objet d'un compromis à New York, devant le Conseil de sécurité de l'ONU.
■ Afflux massif de réfugiés en Ouganda
La crise au Soudan du Sud a des répercussions sur le voisin ougandais. Au poste-frontière de Nimule, ce sont des milliers de personnes qui fuient chaque jour le pays, selon Charles Yaxley, le porte-parole du Haut-Commissariat aux réfugiés (UNHCR) à Kampala : « On a eu un pic d'arrivées il y a deux jours, on a vu plus de 7 000 personnes passer la frontière. Ce que les gens nous disent ici, c'est qu’il y a des groupes armés sur la route entre Juba et Nimule qui enrôlent les jeunes hommes. Et ça se vérifie particulièrement avec les réfugiés qu'on voit arriver en Ouganda : plus de 90% de ces réfugiés sont des femmes et des enfants ».
De l'autre côté de la frontière, à Elegu, les Sud-Soudanais retrouvent tous ceux qui ont été évacués de Juba par l'armée ougandaise. « Nous ne sommes plus au Soudan du Sud. Tous ceux qui ont participé à la mission d'évacuation sont revenus en Ouganda. Jusqu'à maintenant, on peut recenser plus de 38 000 personnes évacuées par nos soins du Soudan du Sud. Parmi ces personnes, on a recensé près de 30 000 Ougandais, mais il y avait aussi d'autres nationalités, des Kényans notamment », explique Paddy Ankuda, le porte-parole de l’UPDF, les forces de défenses ougandaises.
Si l'évacuation par l'armée a cessé récemment, les réfugiés qui passent la frontière expliquent que des milliers de personnes au Soudan du Sud sont encore sur la route vers l'Ouganda.