Pour la première fois depuis ce week-end, la population s’aventure dans les rues pour se ravitailler en nourriture. Quelques véhicules circulent. Juba prend un peu de répit, mais la situation reste tendue. La ville compte ses morts, sans avoir de bilan pour l'heure. Les Nations unies estiment à plus de 36 000 le nombre de déplacés des habitants qui ont fui leurs maisons.
Dans les églises de la ville, des centaines de personnes ont trouvé refuge lors des combats. Elles commencent à regagner leur maison et certains n’osent pas bouger : « J’ai vu beaucoup de gens perdre la vie. Ce matin, j’étais à l’hôpital. J’ai vu des corps sur le sol. Je voulais rentrer chez moi, mais là où je vis, il y a eu de violents combats. Des bombes sont tombées sur nos maisons ».
Les précédents cessez-le-feu au Soudan du Sud n’ont jamais tenu plus de quelques jours. Les massacres, qui ont eu lieu à Juba lorsque la guerre civile a éclaté en décembre 2023, sont toujours dans les mémoires : « Beaucoup ont été tués sur la route en courant vers les bases des Nations unies. La même chose a eu lieu en 2013. On a perdu beaucoup de proches. Et si on rentre chez nous, peut-être qu’il se passera la même chose ».
Des dizaines de milliers de personnes ont été déplacés par les dernières violences dans la capitale sud-soudanaise. Malgré l’accalmie, beaucoup craignent une reprise du conflit.
Rapatriement des ressortissants étrangers
Une trentaine de camions de l'armée ougandaise a traversé la frontière du Soudan du Sud pour aller à Juba, selon le porte-parole du gouvernement ougandais, pour évacuer les ressortissants ougandais présents dans la capitale Juba. Parallèlement, l'Inde, le Japon et l'Allemagne sont eux aussi en train d'extrader tous leurs ressortissants du Soudan du Sud. Des avions militaires de l’armée allemande ont évacué depuis l'aéroport de Juba près de 200 européens présents dans la capitale. Les vols commerciaux, eux, restent ce soir encore annulés.
La présidente de la commission de l'Union africaine Nkossazama Ndlamini Zouma parle d'une situation « totalement inacceptable » au Soudan du Sud et tacle des dirigeants qui « existent, dit elle, pour protéger les vulnérables et servir le peuple, pas pour être la cause de leur souffrance ».
Salva Kiir annonce l'amnistie des ex-rebelles
Par ailleurs, si les combats n'ont pas repris depuis le cessez le feu de lundi dans la capitale, c'est qu'il n'y reste plus que les forces loyalistes au président Salva Kiir. Riek Machar et ses troupes ont quitté Juba lundi. Mais selon plusieurs sources, des accrochages ont eu lieu mercredi matin dans l'état d'Unité au nord du pays, notamment dans la ville de Leer, ville natale de Riek Machar.
Certes, Salva Kiir a en fin d'après-midi décrété une amnistie pour les ex rebelles de la SPLA-IO, mais les violences continuent dans le pays. La frontière avec l'Ouganda, au sud, a été fermée, et les troupes gouvernementales s'en prennent aux gens qui essaient de fuir le Soudan du Sud. Mercredi soir, le HCR estimait que 20 000 personnes attendaient de pouvoir traverser la rivière Unyama et passer en Ouganda.