14 juillet 1916, la première brigade d'infanterie sud-africaine est chargée d'attaquer les forces allemandes au bois Delville. Pendant cinq jours et cinq nuits, les 3 150 hommes vont résister sous une pluie d'obus de l'armée allemande. Ils tiendront le bois, mais les pertes sont énormes. Ce bois Delville, les Sud-Africains l'ont d’ailleurs rebaptisé « Devil Wood » (« le bois du diable »). Un quart des soldats seulement en ressortira indemne. Cette bataille du bois de Delville a été le premier engagement majeur de cette brigade sur le front occidental.
Aujourd'hui, Pretoria y a installé son mémorial en hommage aux milliers de Sud-Africains qui se sont battus en France. Un lieu d'autant plus important que c'est là qu'a été inhumé, il y a deux ans, pour les 20 ans de la fin de l’apartheid, le premier soldat sud-africain noir tombé dans l'Hexagone. Beleza Mien-Gouai reposait auparavant dans un petit cimetière civil du Havre. Car, à l'époque, la ségrégation existait déjà. Au bois Delville, les soldats inhumés sont blancs. Les noirs étaient eux répartis dans d’autres cimetières français.
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« A l'époque, le gouvernement, en raison de sa politique raciale, ne voulait pas entraîner des Noirs ou même les armer, explique Bill Nasson, professeur d'histoire à l'université de Stellenbosh. Donc, les Noirs recrutés servaient comme de la main d'œuvre dans les bataillons. Ils ont été envoyés au Havre, à Dieppe pour travailler dans les ports, mais également derrière les lignes de front. Alors qu'ils étaient là-bas, ils étaient tenus à l'écart, ils ne pouvaient pas se mélanger avec les Français comme les soldats sud-africains blancs, qu'on nommait les Zoulous blancs. »
Ce mardi, François Hollande et Jacob Zuma rendront hommage à l'engagement des Sud-Africains en France. Un « mur de la mémoire » sera inauguré. Au total, plus de 200 000 Sud-Africains ont participé à la Première Guerre mondiale.