Avec notre correspondante à New York, Marie Bourreau
C'est une liste de défaillances à tous les niveaux que dressent les deux rapports d'enquête de l'ONU sur l'attaque de Malakal, visiblement largement préparée. Des soldats portant des uniformes de l'armée sud-soudanaise ont pu rentrer dans le camp qui accueillait, à l'époque 49 000 personnes, et y faire pénétrer des armes très perfectionnées, notamment des grenades et des balles traçantes.
Ils se sont attaqués systématiquement aux installations des ethnies shilluk et nuer, épargnant les Darfouri et les Dinka qui avaient été evacués la veille de l'attaque par camions. L'ONU a transmis ses conclusions au président Salva Kiir, lui demandant de traduire en justice les responsables et de condamner via un message télévisé toute attaque contre les civils sud-soudanais.
Autocritique onusienne
Mais l'organisation a aussi fait son autocritique dans un rapport interne dont quelques éléments ont fuité. Les casques bleus ont tardé à réagir. Certains ont attendu une réponse de leur capitale pour pouvoir intervenir, d'autres se sont dérobés devant la violence de l'attaque. A l'époque, le camp de Malakal était protégé par des troupes onusiennes issues du Rwanda, d'Ethiopie et d'Inde. Le chef des opérations de maintien de la paix, Hervé Ladsous a promis, sans nommer les pays responsables, que des mesures seraient prises, comme le rapatriement de contingents ou de personnels accusés d'avoir failli à leur mandat de protection des civils.
De son côté, l'organisation médicale internationale Médecins sans frontières (MSF) a publié un rapport très critique sur la mission des Nations unies au Soudan du Sud. MSF pointe l'ONU pour ne pas avoir protégé les civils. Selon ce rapport, au moins 25 personnes ont été tuées dans le camp de Malakal en février 2016 et la mission a échoué à les protéger.
Des milliers de Soudanais du Sud restent dans les camps de l'ONU, qui sont censés protéger les personnes déplacées qui ont fui la guerre civile dans le pays. MSF estime que la mission de l'ONU au Soudan du Sud est restée les bras croisés alors qu'elle aurait pu arrêter le massacre :